Auteur : Franco Basaglia
Traducteur : Patrick Faugeras
Date de saisie : 11/12/2007
Genre : Psychiatrie
Editeur : Eres, Ramonville-Saint-Agne, Haute-Garonne
Collection : La Maison jaune
Prix : 25.00 / 163.99 F
ISBN : 978-2-7492-0810-7
GENCOD : 9782749208107
Sorti le : 06/12/2007
- Les presentations des editeurs : 16/01/2008
Franco Basaglia (1924-1980), psychiatre, a ete l’une des figures majeures de la psychiatrie dite alternative, non seulement en Italie, ou sa mise en cause de la condition des malades mentaux fut ratifiee par la Loi 180 decidant la fermeture des hopitaux psychiatriques, mais aussi dans le monde, ou il suscita une interrogation sur les traitements generalement infliges aux fous. Ce dernier ouvrage, paru avant sa mort, se presente a la fois comme un bilan qui permet de comprendre le sens general de sa demarche et un programme de transformation de la psychiatrie.
En 1979, Franco Basaglia (et l’experience psychiatrique italienne) constitue une reference, mondialement reconnue, pour toute une generation politiquement et intellectuellement sensibilisee aux processus d’alienation de l’individu – et ce bien au-dela du champ de la psychiatrie – qui cherche des alternatives aux pseudo solutions des institutions dites totalitaires, dont elle denonce les effets pervers et destructeurs. Dans un souci d’articuler sa position theorico-politique avec les contenus concrets de la pratique, Franco Basaglia situe ici la Loi 180 comme le moment decisif, certes, mais un moment seulement, d’un processus plus large qui vise a mettre en question et a transformer toute institution instituante, quel que soit son objet (prison, education…). Il est notamment amene a preciser que le probleme fondamental n’est pas tant la fermeture des hopitaux que la medicalisation de la psychiatrie.
Ainsi, cet ouvrage, historiquement situe, s’avere paradoxalement d’une brulante actualite car les questions qui s’y trouvent posees et traitees interrogent les orientations et les choix retenus par la psychiatrie francaise, telle la pratique de secteur, mais aussi la situation preoccupante qu’elle traverse aujourd’hui. En aucun cas, Franco Basaglia, fidele a son mode d’etre, ne s’institue donneur de lecons ; au contraire, il invite ses lecteurs a mettre en cause tout processus alienant qui meprise l’homme en son humanite, en menant une reflexion exigeante dans un souci permanent et un profond respect de l’autre.
Preface de Mario Colucci et Pierangelo di Vittorio
Postface de Fernando Nicacio, Paulo Amarante et Denise Dias Barros
- Les courts extraits de livres : 16/01/2008
L’integration de la psychiatrie dans les programmes de sante publique
Sao Paulo, Institut Sedes Sapientiae
21 juillet 1979
Ce soir se termine ce premier cycle de debats. Je pense que la chose la plus importante qui s’est passee ici n’a pas ete ce que j’ai dit ni vos questions et reponses, mais le fait que nous nous sommes rencontres pendant trois soirs consecutifs et qu’a cette occasion-la nous avons vecu des experiences. Ensemble, nous avons fait quelque chose de pratique, de reel, nous avons discute de la possibilite de realiser des changements en nous-memes et dans la realite de ce pays. Je ne sais si vous avez tous conscience de cela, de l’importance du fait que quatre cents personnes sont venues ici pendant trois soirs de suite, pour discuter non de leurs affaires personnelles mais de questions qui concernent nos pays et nous tous. Je me suis repete de nombreuses fois, mais je pense que les choses se sont bien passees et que nous avons ouvert des perspectives.
Venons-en donc a la question d’aujourd’hui, qui pourrait etre un resume, une reprise des soirees precedentes, c’est-a-dire : L’integration de la psychiatrie dans les programmes de sante publique.
Il n’est pas facile, en une conference, de dire comment historiquement on en est arrive a cette question. Comme vous le savez, la psychiatrie est nee en tant qu’element separe de la medecine et elle a ete integree par la suite, d’une facon assez fausse, dans le cadre de ce qui, pour la pensee medicale, represente la sante publique. On a mis ensemble des anes et des mules, et je ne saurais dire qui est des uns et qui est des autres. La medecine a une logique differente de la psychiatrie, mais toutes les deux ont une vision totalement fausse de ce qu’est l’homme.
La clinique, la medecine clinique, nait a un moment historique ou la science elargit sa pratique a l’organisation de la vie de l’homme. La clinique est nee comme une chose morte dans les salles d’anatomie, c’est-a-dire qu’elle a cherche a connaitre le malade a partir du corps du cadavre, elle cherchait a connaitre non pas l’homme vivant mais l’homme mort. C’est au cours de l’histoire de l’anatomie pathologique que le modele que les medecins etudient pour devenir des soignants a ete construit. L’homme est construit a l’image de lui-meme, mais d’un lui-meme mort. A bien regarder, toute la clinique se base sur l’anatomie pathologique. La vie de l’homme et son organisation sociale sont totalement expulsees de son corps malade. Une chose est le corps, une autre est la maladie et une autre encore est la vie.
L’hopital lui aussi, en tant que construction, est un corps artificiel qui contient d’autres corps artificiels. Je crois qu’aucun hopital ne fonctionne bien. L’hopital lui-meme est malade. Aujourd’hui tout le monde dit que l’organisation hospitaliere ne va pas bien, mais il est difficile de sortir de cette nasse parce que c’est ainsi qu’a ete concue l’organisation de la medecine. Il faudrait changer la logique de la medecine pour sortir de ce drame. J’ai essaye de parler de cela ces jours derniers : nous ne sommes pas satisfaits ni des medecins ni des hopitaux ni de la medecine ni de la facon dont on organise les services de sante publique. En verite, nous ne sommes satisfaits de rien.
Mais interessons-nous plus particulierement a la facon dont la medecine arrive a incorporer la psychiatrie. Si la maladie est un fait organique, la psychiatrie n’a rien a voir avec la medecine. La psychiatrie a toujours ete la science de la folie, avec une vision que nous pourrions dire quelque peu philosophique de la folie, du moins jusqu’a ce qu’elle entre dans le jeu du positivisme, c’est-a-dire jusqu’au moment ou les psychiatres ont commence a creer des modeles d’une psyche qui n’existe pas. Semblablement a la facon dont la medecine s’est edifiee sur un corps mort, la psychiatrie s’est construite sur une psyche morte. Par analogie, nous pourrions appeler la psychiatrie : anatomie mentale. C’est ainsi que la psychiatrie est entree dans le meme jeu que la medecine : le trouble du comportement a ete assimile au trouble somatique, corps et comportement sont devenus la meme chose et, de facon analogue, le trouble du corps et le trouble de la psyche sont devenus une meme chose, pris tous deux dans la logique positiviste du rapport cause-effet. Ainsi la psychiatrie est entree avec emphase dans la medecine mais n’a jamais ete bien acceptee, elle est restee toujours un peu marginale.
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