
Auteur : Jacques Verges
Date de saisie : 06/04/2007
Genre : Societe Problemes et services sociaux
Editeur : Rocher, Monaco, France
Collection : Documents
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-268-06098-9
GENCOD : 9782268060989
Sorti le : 05/04/2007
- Les courtes lectures : Lu par Nathalie Brutiaux – 13/04/2007
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Nathalie Brutiaux – 13/04/2007
- Les presentations des editeurs : 07/04/2007
Jacques Verges, l’avocat de Klaus Barbie et de Khieu Samphan entre autres, nous fait entrer dans les minutes des grands proces historiques. Ainsi lors de la premiere manifestation d’une justice internationale a Nuremberg, en 1945 qui rhabille la culpabilite aux couleurs de la guerre froide. A cet egard, un dialogue imaginaire, entre Staline et Hitler, revient sur la veritable raison du pacte des Allies avec l’URSS. Puisque c’est l’agression nazie qui aurait reveille l’espoir de liberation des colonies, en affaiblissant l’Europe. Le proces des activistes du FLN, en 1957, devient alors une tribune pour l’independance algerienne. Mais des 1954, la chute de Dien Bien Phu a consomme cette fin de regne de l’Occident a part entiere… Deja annoncee au proces de Louis XVI. Qu’instruit le revolutionnaire Saint-Just, au tournant de l’histoire moderne.
Pour Jacques Verges, c’est l’occasion de revenir sur les causes extremes pour lesquelles il n’a cesse de plaider. Et de ressusciter le visage des disparus, confreres et compagnons, tombes a ses cotes en rendant hommage a la grandeur de leur humanisme.
- Les courts extraits de livres : 07/04/2007
Serial killers et democrates
La torture est le stade supreme de l’attentat a la dignite humaine. Parmi de nombreux autres exemples, je voudrais citer le cas de deux amis qui l’ont subie des mains francaises, helas, a Paris meme.
L’un, Bechir, fut interroge sur moi, a partir de documents ou figurait mon nom, saisis chez lui. J’ai lu et relu ces proces-verbaux d’interrogatoires au bord du gouffre, ou avec courage et intelligence, il sut me mettre hors de cause malgre la baignoire, l’electricite et les coups. Nous sommes depuis amis a la vie a la mort, et j’essaierai toujours de meriter cette amitie.
L’autre, Ahmed, a parle de moi, de nos rencontres impossibles a nier, ce que je ne saurais lui reprocher. Mais a lire les proces-verbaux de ses interrogatoires, on s’apercoit qu’il a evoque aussi des rendez-vous que les policiers ne pouvaient pas connaitre. Brise, il a mis du zele dans sa chute.
Ce sentiment d’impuissance devant l’abjection, je l’imagine, ce sentiment affreux que la morale, l’honneur, la dignite n’ont plus de place dans notre vie, que plus rien n’a de sens. Je pense paradoxalement a la reine Anne dans la tragedie de Shakespeare, elle crache son mepris au visage de Richard III, assassin de son epoux, mais accepte, quand il le lui propose, de monter dans son lit. Le cynisme de la demande a fait s’ecrouler son univers.
J’evite de revoir Ahmed, non pas que je lui en veuille, mais parce qu’il eveille en moi deux sentiments que je n’aime pas beaucoup : la haine et la pitie. La haine pour ses tortionnaires, la pitie pour lui.