Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Ramon

Auteur : Dominique Fernandez

Date de saisie : 11/02/2009

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Grasset, Paris, France

Prix : 24.90 / 163.33 F

ISBN : 978-2-246-73941-8

GENCOD : 9782246739418

Sorti le : 13/01/2009

Acheter Ramon chez ces libraires independants en ligne :
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)

  • Le courrier des auteurs : 19/01/2009

Cher libraire, je vous confie mon nouveau livre, sachant avec quel soin et quel courage, par ces temps difficiles, vous defendez la litterature contre les distractions de toute sorte qui la menacent. Vous etes souvent les veritables prescripteurs d’une oeuvre : et quand vous l’aimez, vous reussissez a l’imposer aupres de vos clients. Ceux-ci, connaissant votre serieux et votre competence, ecoutent volontiers vos conseils. Ramon est un livre long et ambitieux, qui raconte comment un homme, Ramon Fernandez, mon pere, mort en 1944, un des plus brillants intellectuels de son temps, ami de Proust, de Gide, de Malraux, de Marguerite Duras, a bascule dans la collaboration. Je n’ai pas cherche a le rehabiliter, car sa derive politique est sans excuse, mais essaye de comprendre comment un grand esprit a pu se fourvoyer aussi lamentablement. Cette figure double de mon pere, a la fois dieu et traitre, a inspire indirectement tous mes romans. Le present livre est donc la somme et la clef de tout de ce que j’ai pu ecrire depuis cinquante ans. A vous avec confiance et amitie. DOMINIQUE FERNANDEZ

  • Les presentations des editeurs : 01/01/2009

Je suis ne de ce traitre, il m’a legue son nom, son oeuvre, sa honte. Au centre de ma vie, depuis 1’enfance : aimer ce qui est interdit, puisqu’on m’interdisait d’aimer l’objet de mort amour : ainsi parle Dominique Fernandez de son pere Ramon, a l’oree de cette enquete biographique, historique et intime. Le fils cherche a comprendre comment son geniteur, l’un des plus grands intellectuels de son temps, a pu etre socialiste a trente et un ans, critique litteraire d’un journal de gauche a trente-huit, compagnon de route des communistes a quarante, fasciste a quarante-trois et collabo a quarante-six. Pour saisir le destin enigmatique de Ramon, Dominique Fernandez tresse serre trois fils.
Celui de l’histoire litteraire – nous voici de plain-pied avec Proust, Gide, Mauriac, Paulhan, Celine, Bernanos, Saint-Exupery, Malraux, Duras, et tant d’autres.
Celui de l’histoire politique en France et en Europe le 6 fevrier 1934, le Front populaire, la guerre d’Ethiopie, la guerre d’Espagne, celle de 1940, l’Occupation, sont autant d’evenements auxquels Ramon est mele de pres.
Celui de l’histoire privee – comment un play-boy depensier d’origine mexicaine, amateur de tango et de Bugatti, fait brievement le bonheur puis durablement le malheur de la brillante sevrienne, fille d’instituteurs pauvres, qu’il epousa en 1926. Echec conjugal documente jour apres jour par les carnets intimes de l’epouse.
Ces trois plans superposes, qui montrent comment les peripeties les plus intimes peuvent inflechir un destin, donnent a ce livre toute sa dimension romanesque.

  • La revue de presse Marc Riglet – Lire, fevrier 2009

Dominique Fernandez est toute douleur. Comme quelques autres, fils et filles de Jardin, Jamet, Azema, Beugras (Marie Chaix et Anne Sylvestre), Tasca, Luchaire…, il porte la croix de ces peres indignes qui, entre 1940 et 1945, firent, comme l’on dit bien legerement, le mauvais choix…
Ramon Fernandez n’a pas ete assez ecrivain pour qu’on retienne une oeuvre et il a trop ecrit de choses insoutenables pour qu’on puisse l’absoudre. Peut-etre ne lui devra-t-on, finalement, que le tres beau livre, pieux, desordonne, dechirant, insupportable, de son fils Dominique, l’inconsole.

  • La revue de presse Philippe Lancon – Liberation du 15 janvier 2009

Ramon Fernandez, c’est d’abord cela, un angle mort du milieu et l’echec d’une epoque, le mystere d’un vin que tout un monde avait pris pour un grand cru et qui tourna brutalement vinaigre. Observee de pres, cette alchimie negative de l’intelligence est toujours inquietante : on aimerait croire que les mauvais choix sont reserves aux imbeciles, parmi lesquels on prefere ne pas se ranger…
Son fils a bientot 80 ans, et il regarde le catafalque de son pere. Souvent il l’appelle RF, comme s’il tenait un carnet intime. Mais les morts ne se relevent pas, ne s’expliquent pas, ils nous laissent au chagrin qu’ils nous causent. C’est donc a lui, Dominique, de faire le boulot : relire les livres de RF, ses articles, sa correspondance, le meilleur comme le pire, avec plaisir ou jusqu’a la lie, lire les tristes agendas de la mere, les temoignages des autres, ouvrir les livres d’histoire ou de memoire evoquant cette epoque avec la crainte d’y decouvrir un mauvais pas, une mauvaise action de plus. Et c’est a lui d’imaginer le reste, tout ce qui demeure sans reponse.

  • La revue de presse Raphaelle Rerolle – Le Monde du 16 janvier 2009

Comment expliquer l’inexplicable ? C’est autour de ce mystere que s’est construite la vie de Dominique Fernandez, fils de Ramon, devenu ecrivain, puis academicien. Et autour de lui, encore, que cet auteur ne en 1929 a mene une oeuvre passionnante, veritable enquete sur les pas d’un homme perdu. Ce pere qu’il aimait, ce pere si follement seduisant, l’ecrivain en a dresse le plus emouvant des portraits – le plus anxieux aussi. Car en contre-jour de Ramon, livre etonnant, se dessinent les peurs et les incomprehensions de plusieurs generations, heritieres d’une epoque aberrante. Derriere la figure de ce bel esprit fourvoye, ce sont toutes les contradictions d’un passe difficile a dechiffrer qui surgissent, sans jamais trouver d’explication definitive…
L’enigme resiste finalement aux tentatives d’elucidation, comme une pierre sombre qui absorberait toute source de lumiere – sauf celle, particuliere et toujours neuve, que projette la litterature.

  • La revue de presse Francois Dufay – L’Express du 15 janvier 2008

A 79 ans, dans un pave qui se lit comme un terrible roman familial, l’academicien revient sur cette filiation qui a obscurci sa vie. Et cherche a comprendre qui fut ce traitre dont il porte le nom, a expliquer ce qui a pu mener ce dandy pourri de dons et casque de Gomina des salons de la NRF a l’abjection nazie…
Reste un beau et douloureux portrait, vibrant d’amour filial. Depuis longtemps deja, Dominique Fernandez avait a sa facon absous son pere en donnant a son propre fils, aujourd’hui haut fonctionnaire de la Republique, le prenom du maudit.

  • La revue de presse Antoine Perraud – La Croix du 14 janvier 2009

Fils du hardi Ramon Fernandez, ecrivain qui s’est dissous dans la collaboration nazie, Dominique Fernandez se livre a une magnifique approche des profondeurs paternelles..
D’une ecriture souveraine, il transmet et transmue ce que fut Ramon Fernandez (1894-1944), ecrivain lance et critique litteraire d’une subtilite percutante, ami des plus grands createurs de la premiere moitie du XXe siecle. Doue a en mourir…
Et Dominique Fernandez se fait procureur, avocat, fils encore cadenasse et pere devenu comme une Pieta du sien, pour offrir, avec une emouvante nettete subjective, le kaleidoscope d’un homme qu’il aime avant tout et malgre tout.

  • La revue de presse Jacques-Pierre Amette – Le Point du 8 janvier 2009

Romancier connu (Porporino ou les mysteres de Naples, Dans la main de l’ange), orne des lauriers de l’Academie francaise, Dominique Fernandez, 79 ans, a toute sa vie ete un fils tourmente par la faute de son pere, collabo sous l’Occupation. Il semble bien que cette situation peu enviable s’infecte avec le temps. En tout cas, elle explique un epais volume d’un homme qui, comme son pere et a son image, est lui aussi critique litteraire et romancier, mais qui n’a jamais cesse de chercher a comprendre l’egarement de Ramon. Ce dernier nous est donc presente dans un prodigieux panorama fouille. Le fils se demande pourquoi un pere critique vedette de La NRF, qui fut longtemps socialiste SFIO, proche d’Andre Gide, de Martin du Gard, de Mauriac, adhere en 1937 au Parti populaire francais (PPF) de Doriot… Pourquoi bascule-t-il dans l’infamie ?…
Cette biographie n’apporte ni jugement definitif ni verdict. Chaque lecteur jugera sur pieces. L’auteur, lui, conclut : Me voila donc, comme tous les biographes, reduit a ne saisir que l’exterieur d’un etre. Non, c’est trop modeste. Le sentiment interieur d’un homme et son souvenir circulent dans le livre. Les curieuses resignations de juin 1940, les cynismes, les conforts, les detresses et quelques monstruosites, parmi le groupe de La NRF a cette epoque, laissent pantois.

  • La revue de presse Eric Roussel – Le Figaro du 8 janvier 2008

Ni hagiographie ni reglement de comptes, son livre repose d’abord sur une formidable enquete, conforme en tout point aux regles de la recherche historique. N’ayant rien neglige, meme ce qui parfois le blessait, Dominique Fernandez retrace la carriere d’un enfant prodige, de sa naissance au sein d’une famille mexicaine peuplee d’aventuriers hauts en couleur, a sa mort dans le Paris glauque de la fin de l’Occupation…
A lire Dominique Fernandez, l’impression d’un veritable ecartelement s’impose avec force. Ramon Fernandez ne fut pas, loin s’en faut, le seul homme de gauche tombe dans la collaboration intellectuelle. Mais il fut l’un des rares a etre reste authentiquement et etrangement fidele a ses premiers engagements, comme l’atteste son flamboyant plaidoyer en faveur de Proust, ecrit a une epoque ou l’eloge d’un auteur juif et homosexuel impliquait quelques risques. Les derniers mois de son existence donnent la cle de son comportement en forme de defi au sens commun. Alors meme qu’il jetait sa derniere bouteille a la mer, sachant bien que son essai sur le romancier d’A la recherche du temps perdu etait son seul moyen de se racheter aux yeux de la posterite, Ramon Fernandez se suicidait lentement mais surement, forcant sur l’alcool, negligeant toute hygiene de vie, comme s’il pressentait que viendrait vite le moment ou on lui demanderait des comptes et ou il ne pourrait s’expliquer…
Le livre de Dominique Fernandez est admirable de lucidite, de sensibilite, d’intelligence des hommes et des situations. Au-dela d’une tragedie individuelle, il revele celle d’une generation.

  • La revue de presse Jerome Garcin – Le Nouvel Observateur du 8 janvier 2009

Ramon, qu’il publie enfin, est le livre de sa vie. Celui sur lequel son oeuvre est fondee et auquel tout, chez lui, devait finir par aboutir. Comme s’il n’avait jusqu’alors ecrit sur les parias et les proscrits, de Winckelmann a Pasolini, que pour mieux retarder le portrait en pied du premier d’entre eux : son pere…
En payant sa dette a un pere qui s’est trompe mais qu’il n’a jamais cesse d’admirer, Dominique Fernandez tente, en abolissant le silence, d’effacer la honte. Son livre ressemble au petit cimetiere du village de sa mere, situe dans le Livradois, qu’il evoquait dans l’Ecole du Sud : il est si haut perche que les morts semblent y dominer les vivants pour l’eternite. Meme les morts deshonores.

  • La revue de presse Gilles Martin-Chauffier – Paris-Match du 8 janvier 2009

Ramon est l’hommage enfin rendu en public a ce geant baroque qui se gavait de Shakespeare et de Pernod, de poemes symbolistes et de Bugatti, de pages proustiennes et de discours nazis…
Racontee par Dominique, cette comedie dell’arte se hisse aux altitudes d’une tragedie shakespearienne. Mais l’histoire le justifie puisque, par exemple, le 22 octobre 1941, a l’heure ou l’on fusillait Guy Moquet, Ramon penetrait a Berlin dans le bureau de Goebbels. Pourquoi donc ? Parce qu’il esperait trouver une solution politique a ses problemes personnels ? Peut-etre. En tout cas, si ce n’est pas vrai, c’est bien trouve, et Dominique est un avocat habile et sans complaisance du pere. Du reste, tout le monde l’admet, Ramon Fernandez ne fut jamais ignoble, ne denonca personne et ne s’abandonna pas a l’antisemitisme ambiant. A la fin, quand le vent tourna, il ne parlait plus que de litterature. Et ne derangeait plus personne.

  • La revue de presse Gilles Heure – Telerama du 7 janvier 2009

Comment un brillant critique finit collabo : le recit emu du fils…
Approcher la verite d’un homme, comprendre qui il fut reellement, connaitre les vraies raisons de ses engagements sont des defis auxquels se heurtent tous les biographes. La recherche a toujours ses limites et le chercheur doit savoir s’arreter a temps, sauf a imaginer, extrapoler et fonctionner a l’intuition. Seulement voila, le biographe en question est Dominique Fernandez, le fils de Ramon. La s’arrete la methodologie ; ici commence une quete intime, dechiree, emouvante, sincere.

  • La revue de presse Thierry Clermont – Le Figaro du 31 decembre 2008

Ni tombeau, ni requiem, cette troublante tentative de rehabilitation et d’absolution du pere plonge le lecteur a la fois dans l’intimite d’un homme blesse et dans l’effervescence des querelles litteraires du Saint-Germain-des-Pres d’alors. L’occasion aussi pour l’auteur de revenir sur son enfance. Le tout est remarquablement renseigne (documents d’epoque, ecrits intimes des proches, inedits…).

  • La revue de presse Pierre Assouline – Le Magazine Litteraire, janvier 2009

Ni roman, ni biographie, ni memoires. Quoi alors ? Une enquete. Mais, quand c’est un ecrivain qui fouille au coeur de ses propres tenebres, cela donne une enquete augmentee d’un supplement d’ame, d’un tremble et d’une vibration qui donnent vie au mystere. Car c’est bien le mystere Fernandez que Fernandez a voulu resoudre. Moi Dominique, toi Ramon. Une soixantaine d’annees qu’il tourne autour. Comment s’accepter en fils d’un pere pareil ?…
Huit cents pages plus tard, Dominique Fernandez n’est plus seulement le fils du collabo, mais celui d’un homme petri de contradictions, qui mit un point d’honneur a n’etre pas antisemite et meme a honorer Proust et Bergson sous la botte allemande, et qui fut le plus eblouissant critique litteraire de sa generation. Le sentiment du gachis n’en est que plus grand. Ce que c’est de se sentir depositaire de la vie d’un autre quand cet autre vous a donne la vie.

  • Les courts extraits de livres : 13/01/2009

RF sur son lit de mort

5 avril 2006. En rangeant des papiers et des photographies de famille, je tombe sur une tete d’homme enveloppee d’ombre et couchee sur un drap blanc : il a l’air de dormir. Yeux clos, levres serrees, cheveux noirs plaques en arriere, paleur, elegance, la beaute masculine dans ce qu’elle peut avoir de plus fin. Tout est admirablement dessine : la courbe des sourcils, la ligne des cheveux qui descend en pointe sur le front, l’arete et les ailes du nez, le pli sous la bouche. Une figure dont la distinction, la purete, loin de le consoler, augmentent le chagrin de celui qui la contemple en sachant ce qu’il en a ete de cette vie. Quelques signes de negligence : la barbe non faite, qui envahit les joues, les machoires, le menton, le tour des levres ; le col de la chemise ouvert sur le cou lisse, sans pomme d’Adam visible, ombre a peine d’une touffe de quelques poils ; la chemise elle-meme, usagee, dont une pointe du col pend sur une epaule, l’autre rebiquant sous le cou.
Cette tete est celle d’un mort. Cette photographie a ete prise sur le lit de mort de cet homme. Cet homme est mon pere, que je retrouve soixante-deux ans apres l’avoir vu pour la derniere fois – mais comme si je le voyais pour la premiere fois, car ce n’est pas cette image que j’avais gardee. De temps en temps, dans les journaux, lorsqu’on reeditait un de ses livres, je voyais un visage lourd, massif, d’une virilite agressive. Ce visage avait efface les autres dans ma memoire, et je ne retenais que celui-la. Brutalite d’homme d’action -comme il s’etait voulu, comme il avait reve d’etre, comme il avait cru qu’il etait. Force epaisse et butee, sans aucun rapport avec cette finesse de traits que j’ai maintenant sous les yeux, avec cette purete d’expression, cet air de n’y etre pour personne…
Personne, sauf peut-etre pour son fils, qu’il a connu a peine, dont il ne s’est guere soucie, mais qui se trouve etre aujourd’hui le depositaire de cette vie et se heurte a un mystere insoutenable. Si beau dans la mort, si blamable dans l’action : est-ce possible ? Ou fut la verite de cet homme qui est mon pere ? Admire d’abord, a juste titre, puis meprise et honni, de maniere non moins legitime… Scrute bien ce visage, semble me dire le mort, regarde s’il n’y a rien a sauver de cette vie que je suis le premier (a preuve mon masque mortuaire, d’ou a reflue la laideur de mes engagements politiques), le premier a trouver deplorable…