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Retour au pays

Auteur : Claude Demanuelli | Jean Demanuelli | Rose Tremain

Date de saisie : 23/08/2007

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : Plon, Paris, France

Collection : Feux croises

Prix : 21.90 / 143.65 F

ISBN : 978-2-259-20653-2

GENCOD : 9782259206532

Sorti le : 23/08/2007

  • Les presentations des editeurs : 07/09/2007

Comme tant d’autres hommes venus de l’Est, Lev decide un jour de quitter sa terre natale pour gagner l’Angleterre, a la recherche d’un travail et en quete d’un nouveau depart, avec pour seuls bagages ses craintes et ses espoirs. Derriere lui flottent les ombres de son passe, en particulier celles de sa defunte femme Marina, et de Maya sa fille adoree.
Muni de quelques billets de vingt livres pour assurer sa survie, Lev affronte a Londres un quotidien souvent hostile. Heureusement, les souvenirs sont la, omnipresents, pour garder le lien avec ses racines : les pittoresques parties de peche avec Rudi l’ami extravagant qui ne vit que pour sa vieille voiture cabossee, les jeux avec l’insouciante Maya… Et puis son emouvant periple sera jalonne de rencontres pleines d’humanite, comme celles de Christy Slane, son colocataire irlandais, ou encore de Sophie, la jeune et charmante cuisiniere du restaurant qui l’embauche. Tant et si bien qu’a aucun moment il ne perdra l’espoir de pouvoir rentrer au pays la tete haute.

Avec son innocence et une determination farouche, le beau personnage de Lev nous offre une version contemporaine de Candide, sous la plume elegante et lumineuse de Rose Tremain.

Nee en 1943, la romanciere anglaise Rose Tremain a recu en 1994 le prix Femina etranger pour son roman Le Royaume interdit. Ses ouvrages sont traduits dans le monde entier. Mariee a l’historien Richard Holmes, elle vit dans le Norfolk.

Audacieusement imaginatif, profondement emouvant.
THE INDEPENDANT

Une oeuvre classique.
INDEPENDANT ON SUNDAY

Traduit de l’anglais par Claude et Jean Demanuelli

  • Les courts extraits de livres : 07/09/2007

Des cigarettes memorables

Lev choisit un siege a l’arriere du car, se tassa contre la fenetre et regarda la terre qu’il etait en train de quitter : champs de tournesols roussis par le vent sec, elevages de porcs, carrieres et rivieres, pousses vertes d’ail sauvage au bord de la route.
Lev portait un blouson de cuir, un jean et une casquette en cuir rabattue sur les yeux ; son beau visage avait ce teint grisatre que donne le tabac, et ses mains etaient repliees sur un vieux mouchoir en coton rouge et un paquet froisse de cigarettes russes. Il aurait bientot quarante-trois ans.
Au bout de quelques kilometres, alors que le soleil se levait, il sortit une cigarette qu’il ficha entre ses levres, et la personne assise a cote de lui, une femme bien en chair, l’air reserve, le visage eclabousse de grains de beaute, dit vivement : Je suis desolee, mais il est interdit de fumer dans ce car.
Lev le savait, l’avait su bien avant de monter a bord, avait tente de se preparer mentalement a la longue torture de cette abstinence. Mais une cigarette, meme non allumee, restait une compagnie, quelque chose a quoi se raccrocher, une sorte de promesse, et Lev se contenta d’un hochement de tete, pour signifier a la femme qu’il l’avait entendue et qu’il n’avait pas l’intention de creer des difficultes; car ils allaient devoir rester assis cote a cote pendant une cinquantaine d’heures, chacun avec ses souffrances et ses reves, comme un couple marie. Ils entendraient leurs ronflements et leurs soupirs respectifs, ne pourraient ignorer l’odeur de la nourriture et des boissons que l’autre avait apportees, sentiraient bien s’il etait ou non en proie a l’apprehension, s’essaieraient a de brefs echanges. Puis, plus tard, quand ils arriveraient enfin a Londres, ils se separeraient, probablement sans un mot ni un regard, pour s’enfoncer dans un matin pluvieux et commencer chacun de son cote une nouvelle vie. Et Lev songeait que tout cela etait a la fois etrange et ineluctable, et lui apprenait deja certaines choses sur le monde vers lequel il allait, un monde ou il s’ereinterait au travail, si toutefois il en trouvait, mais ou il se tiendrait a l’ecart, decouvrirait des recoins obscurs ou se retirer et fumer, demontrant ainsi qu’il n’avait pas besoin de s’integrer a cet univers, que son coeur restait au pays.
Il y avait deux chauffeurs, qui conduiraient et dormiraient a tour de role. Il y avait des toilettes a bord, si bien que le car n’aurait a s’arreter que pour refaire le plein. Aux stations-service, les passagers pourraient descendre, se degourdir les jambes, voir deux ou trois fleurs sauvages sur un talus, des papiers gras au milieu des buissons, le soleil ou la pluie sur la route. Ils pourraient s’etirer, mettre des lunettes de soleil pour se proteger des assauts de la lumiere naturelle, chercher un trefle a quatre feuilles, fumer et regarder les voitures defiler devant eux. Ensuite, on les ferait remonter dans le car, et ils reprendraient leur position, s’armeraient de patience pour affronter les cent cinquante kilometres a venir, la puanteur d’une autre zone industrielle ou le miroitement soudain d’un lac, la pluie et le soleil couchant, l’approche de l’obscurite sur les marais silencieux. Il y aurait des moments ou le voyage semblerait ne jamais devoir prendre fin.