
Traducteur : Regis Boyer
Date de saisie : 04/06/2007
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Anacharsis, Toulouse, France
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-914777-37-7
GENCOD : 9782914777377
Sorti le : 20/04/2007
- Les presentations des editeurs : 23/06/2007
Saga de Bardr
Apres cela, Bardr s’en fut avec tous ses biens, et on pense qu’il a du disparaitre dans le glacier et qu’il y a habite une grande caverne […]. Il fut appele Bardr Genie du Snaefell parce que la, dans le cap, on le tenait pour un dieu tutelaire.
Bardr, descendant de geants des glaces du Nord, s’installe un jour avec famille et amis en Islande. Il affronte, dans un monde de cavernes profondes, de neige et de givre, les monstres, trolls, geants et sorciers qui l’encombrent, avant d’elire domicile dans le glacier du Snasfell et de devenir une sorte de divinite protectrice.
Hordr, le heros de la Saga des hommes de Holmr, pris dans les filets d’inexpiables querelles familiales, est condamne a etre proscrit. Devenu brigand et pillard, il trouve refuge sur l’ilot de Holmr, ou lui et ses hommes finissent tous extermines, l’un apres l’autre.
Ces deux sagas brillent ainsi d’un eclat rare et insolite dans la litterature Scandinave medievale : tandis que la Saga de Bardr, un conte fantastique en somme, met en scene les trefonds mythologiques des pays du froid, la Saga des hommes de Holmr, d’une extraordinaire facture romanesque, raconte l’inexorable descente d’un heros pourtant glorieux vers les enfers du bannissement. Et toutes deux, ancrees dans l’histoire et les temps legendaires de la colonisation de l’Islande, sont parcourues du sentiment tragique du destin.
Regis Boyer a notamment publie Sagas islandaises, chez Gallimard, collection La Pleiade, et L’Edda poetique, chez Fayard. Il est le traducteur, chez Anacharsis, de la Saga de Hrolfr sans Terre (2004) et de La Saga des Fiers-a-Bras, un roman d’Halldor Kiljan Laxness (2006).
- Les courts extraits de livres : 23/06/2007
Extrait de l’introduction de Regis Boyer :
Deux sagas islandaises insolites
Insolites, en effet. Nous avons fait de grands progres, maintenant, en France, sur la connaissance des sagas islandaises. Il n’est plus permis a l’honnete homme de se dire ignorant de la question. Il sait ce que sont ces extraordinaires textes en prose, composes pour la plus grande part durant le XIIIe siecle, en Islande, qui s’est fait une specialite du sujet. Il dispose d’ailleurs de toute une brochette de ces oeuvres puisque les meilleurs editeurs ne dedaignent plus de s’interesser de tout pres a ce theme. Les sagas sont, en regle generale, des morceaux narratifs du genre realiste qui ont un support avere dans la realite historique et qui mettent en scene des personnages que nous connaissons par toutes sortes d’autres sources. Apres des erreurs romantiques, dues surtout aux chercheurs allemands du XIXe siecle, nous ne les prenons plus pour l’expression spontanee du pretendu genie conteur de la foule, nous savons qu’elles sont nees, sous la plume de clercs avertis, d’une double influence de l’historiographie antique en latin et de l’hagiographie medievale egalement en latin, puisque l’une et l’autre de ces productions litteraires furent traduites en islandais a partir de la fin du XIIe siecle. Ce qui ne tient qu’a elles et qui fonde leur originalite, c’est un style, lui-meme expression d’une vision de l’homme, de la vie et du monde tout a fait particuliere. L’objet de cette introduction n’est pas de reprendre l’etude qui donne lieu, d’un bout a l’autre de notre monde occidental, a une exuberante bibliographie, mais de presenter les deux sagas qui ont fait l’objet de ce volume. Et dont je redis qu’elles ont quelque chose d’insolite dans un ensemble qui comporte plusieurs centaines de titres.
Car les sagas ne forment pas un bloc monolithique. L’usage, en fonction du sujet precis auquel elles s’interessent, est de distinguer entre cinq categories – toutes nees a peu pres en meme temps a la faveur d’un de ces prodigieux mouvements d’ecriture comme l’Occident en a connu plusieurs (je songe au theatre classique du XVIIe siecle ou au roman dit romantique du XIXe siecle). Les sagnamenn ou auteurs de sagas, en effet, ont pu choisir entre sujets proprement historiques : ce sont les konungasogur ou sagas royales qui relatent la vie de souverains en general norvegiens ou danois. Le modele en est la Heimskringla ou collection des Sagas des rois de Norvege, due a l’Islandais Snorri Sturluson (1178-1241) qui, s’il n’avait pas redige son oeuvre en islandais, serait reconnu comme l’un des tout premiers ecrivains de notre Moyen Age europeen.