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Se resoudre aux adieux

Auteur : Philippe Besson

Date de saisie : 17/01/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : 10-18, Paris, France

Collection : 10-18. Domaine francais, n 4095

Prix : 6.40 / 41.98 F

ISBN : 978-2-264-04687-1

GENCOD : 9782264046871

Sorti le : 17/01/2008

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  • Les presentations des editeurs : 19/01/2008

Clement l’a quittee. C’etait il y a quelques semaines. Apres avoir cherche refuge dans l’isolement et le silence, elle a choisi de partir. Et de lui ecrire. De Cuba, de New York, de Venise, de longues lettres auxquelles il ne repond jamais. Seule en ces terres etrangeres, elle tente par les mots d’echapper au chagrin, aux questions, aux souvenirs. De l’espoir, encore, au renoncement, deja, elle vacille entre un passe qui s’evanouit et un avenir qui se derobe. Avec precision mais sensibilite, Philippe Besson decortique la mecanique du deuil amoureux.

Philippe Besson est l’auteur de En l’absence des hommes, Son frere (porte a l’ecran par Patrice Ch-reau), L’Arriere-Saison (grand prix RTL-Lire), Un garcon d’Italie, Les Jours fragiles, Un instant d’abandon (les droits de ces trois derniers romans ont ete cedes pour le cinema) et Se resoudre aux adieux. Ses livres sont traduits en dix-sept langues. Son dernier roman, Un homme accidentel, a paru en 2008 aux editions Julliard.

On reconnait un ecrivain a la force de ses obsessions. Il en est ainsi de Philippe Besson qui, de livre en livre, creuse ses interrogations sur l’ecriture, la creation, la solitude, le lien familial et le lien amoureux.

Michele Gazier, Telerama

  • Les courts extraits de livres : 19/01/2008

Clement,

J’ai decide de t’ecrire, plutot que rien.
Plutot que rester la, comme ca, dans le silence.
Que je te dise : je me suis honnetement, serieusement essayee au silence, je l’ai endosse comme on se glisse dans un vetement, je m’y suis livree comme on accepte une astreinte. Je l’ai fait d’abord pour moi, ne t’y trompe pas, c’etait un choix egoiste, meme s’il m’a coute. En fait, j’ai pense que cela me sauverait. Mais le rien-dire ne sauve pas, enfin disons que, moi, il ne m’a pas sauvee. Je crois meme qu’il m’a enfoncee un peu plus dans la tristesse, le chagrin. Pour etre tout a fait honnete, il m’a devastee parce qu’il est peuple d’images, le silence, de souvenirs impossibles a chasser, telles ces mouches importunes qui tournent autour du visage, qu’on tente d’eloigner avec de grands mouvements des bras, et qui toujours reviennent. Et puis, dans le silence, on est sans defense : les assauts n’en sont que plus blessants.

Alors maintenant, j’essaie les mots, ca ne pourra pas etre pire. Qui sait si, en parlant, je ne vais pas me delester de la douleur entassee ? Un peu.

Pourquoi t’ecrire a toi, me diras-tu ? Mais parce que des paroles sans destinataire ne sont pas vraiment des paroles. Sans echo, elles se perdent. C’est comme si elles n’avaient jamais existe. C’est ecrire au vent, au desert, a l’abime. Si personne ne m’ecoute, autant continuer a me taire. Quelqu’un doit m’ecouter. Et qui mieux que toi ?

Oui, qui mieux que toi ?

Je vais t’appeler par ton prenom.
Clement.
Je ne peux plus dire : mon amour, ou des choses approchantes, toutes ces expressions niaises qu’on emploie sans en percevoir le ridicule et qu’on repete a l’envi au point de leur oter leur signification. Tu serais embarrasse si je disais : mon amour, de toute facon. Tu pretendrais que je ne suis pas guerie.

Un aveu : je ne suis pas guerie. Mais les malades doivent avoir l’elegance de ne pas indisposer les bien-portants, on leur sait gre de dissimuler leur mal.

Tu me reprocheras ce ton sarcastique, cette ironie sans doute pathetique. Je vaux mieux, assurerais-tu. Et puis, tu n’aimes pas, en general, les femmes qui se defont, qui s’egarent. Tu preferes celles qui se tiennent, et montrent de la dignite, une rigueur. Ne t’inquiete pas, je suis capable de me montrer digne aussi : simplement, cela me demande quelques reglages prealables, il faut que je fasse des efforts, cela ne me vient pas naturellement.

Je serais ravie d’etre de celles qui encaissent les coups sans broncher. J’ai toujours eprouve de l’admiration pour les personnes qui conservent leur sang-froid en toutes circonstances, restent debout au milieu des champs de ruine et trouvent encore la ressource de secourir les blesses. Je n’ai pas leur courage, helas, leur determination, ou leur inconscience. Je suis trop lucide pour ne pas voir les desastres. Et trop fragile pour les regarder sans vaciller.

Oui, je suis une femme qui vacille. Cela ne t’etonnera pas.