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Sequelles ordinaires

Auteur : Eric Paradisi

Date de saisie : 06/09/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Gallimard, Paris, France

Collection : Blanche

Prix : 14.50 / 95.11 F

ISBN : 978-2-07-078527-8

GENCOD : 9782070785278

Sorti le : 06/09/2007

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  • Les presentations des editeurs : 07/01/2008

Le regard des humains subit parfois un phenomene d’eclipse. Totale ou partielle. A force de se voir, on ne se voit plus. Je m’appelle Luca. J’ai eu trente-six ans au mois de decembre. Luca provient du latin lux qui signifie lumiere. A tant vouloir y croire, je crois que je l’ai perdue. J’aimerais sortir de l’ombre. Celle qui flotte a l’interieur. Et finira par passer sur mes yeux. Ma voisine s’appelle Solene. Un prenom grave et aveuglant, comme son regard de funambule pose en equilibre sur la vie.

Eric Paradisi est ne en 1963. Il a travaille dans la production audiovisuelle, puis collabore a l’ecriture de scenarios. Sequelles ordinaires est son second roman.

  • Les courts extraits de livres : 07/01/2008

Les satellites sont des corps artificiels. Des corps solitaires parmi des milliers d’autres corps. Comme certaines divinites, ils sont traites avec deference et revetus de feuilles d’or. Aucune croyance religieuse dans ce procede. On les couvre d’or pour les preserver des chocs thermiques. Les satellites sont des corps sensibles. Une chaleur constante est necessaire a leur survie. Vingt degres. La temperature de nos appartements en plein hiver. Les satellites sont des corps aux pouvoirs etendus. Us survolent l’ensemble de la planete en un cycle de vingt-six jours durant lequel ils nous envoient de precieuses informations. Nous dependons d’eux, et ils dependent de nous. J’aimerais parfois etre un satellite. Ce genre de corps. Garder la distance avec la Terre en poursuivant ma trajectoire. Je pourrais tout voir. L’enchevetrement des vagues. La cambrure des dunes. La faille d’une crevasse. Mais je n’en demande pas tant. J’aimerais seulement quadriller le canyon du Verdon. Fouiller les visages. En reconnaitre un. M’allonger au bord de ses yeux. Ecouter ce qu’ils me disent.

Les belles personnes naissent en eaux troubles. De l’obscurite chancelante de deux inconnus. Elles ont des prenoms de fortune. Des noms qui demeurent etrangers. Elles vivent en profondeur. Revent de surface. Replongent aussitot. Les belles personnes sont des proies faciles. Et sont maintenues a l’ecart du banc. Celles qui en rechappent cherchent a remonter le courant. A bout de forces, elles s’echouent sur la terre ferme. Evoluent. Se mettent a marcher. Les belles personnes decouvrent le monde des humains. Isolees sur d’autres bancs. Dans leurs yeux passent des nuages. Des lumieres rasantes. Des couleurs de pluie. Elles se cachent sous un sourire de neige. Qui resiste. Ne tient pas. Les belles personnes ont la voix blanche. Une voix a deux temps. Et des bulles d’air dans chaque mot. Les belles personnes sont differentes. Elles sont belles. Et abimees par la vie. Les belles personnes sont toujours des femmes. Elles sont belles. Et personne a la fois.

Mon appartement donne sur une place. Une aire de decollage rectangulaire coulee dans le beton. Mais de la place, on ne decolle pas. Les voitures s’engagent sur les boulevards. Les pietons s’engouffrent dans le metro, ou s’attardent a une table du Gibraltar Cafe. Il y a bien un kiosque a journaux et sa carapace de Plexiglas, mais lui non plus ne decolle pas. Le carre de fleurs reste immobile. Et les racines des marronniers malaxent le ventre enfoui de la terre. Le tronc ecaille, on dirait que les arbres se dissimulent aux abords de la ville. Sans doute sont-ils trop vieux pour elle, ont-ils peur de la maladie. De finir abattus. Les villes ont une ame d’egout. Meme les immeubles peuvent etre frappes, promis a la demolition. Le mien a ete entretenu par des generations de proprietaires. Sur sa facade ravalee recemment, on peut lire la date de construction : 1870. A cette epoque, seul Jules Verne avait imagine un voyage sur la Lune. Moins d’un siecle plus tard, l’Americain Neil Armstrong marchait sur la Mer de la Tranquillite.