Auteur : Patrick Califia-Rice
Preface : Armand Hotimsky
Traducteur : Patrick Ythier
Date de saisie : 16/04/2008
Genre : Documents Essais d’actualite
Editeur : la Musardine, Paris, France
Collection : L’attrape-corps
Prix : 14.50 / 95.11 F
ISBN : 978-2-84271-383-6
GENCOD : 9782842713836
Sorti le : 25/04/2008
- Les presentations des editeurs : 08/05/2008
Je prefererais vivre dans un monde ou chaque homme pourrait etre ou avoir ete une femme.
Imaginez un monde ou les hommes et les femmes feraient des choix sexuels bases sur ce qu’ils aiment et ce dont ils ont envie, et non pas sur ce qu’on leur a dit qu’ils devraient desirer. Un pays ou la monogamie ne serait qu’une modalite existentielle possible et non pas une necessite. Une ville ou les prostituees ne seraient pas clouees au pilori ni leurs clients montres du doigt. Une famille ou les petits garcons n’auraient plus l’obligation d’etre masculins pour devenir des hommes heterosexuels avec des penis, et les petites filles feminines pour devenir des femmes heterosexuelles avec des bebes. Vous n’y aviez jamais pense ? Pat Califia en a reve. Un recueil d’articles d’une subversion ebouriffante, extraits de Public Sex et jamais encore traduits en francais. Cet ouvrage est accompagne d’une preface de Armand Hotimsky, fondateur du CARITIG (Centre d’Aide, de Recherche et d’Information sur la Transsexualite et l’Identite de Genre).
PAT CALIFIA est reconnu comme un des plus grands specialistes internationaux des questions sur le sexe et le genre. Dans les annees 1970, Califia s’affirma ouvertement comme lesbienne. Quelques annees plus tard, il decida de prendre une identite masculine et le nom de Patrick Califia. Il travaille actuellement comme therapeute prive a San Francisco.
- Les courts extraits de livres : 08/05/2008
LA FACE CACHEE DE LA SEXUALITE LESBIENNE.
(1979)
Est-il vrai que les femmes homosexuelles ne pratiquent pas le SM ? En general, oui, c’est vrai. Les hommes demandent souvent un haut degre de resistance, contrairement a la plupart des femmes. L’effet d’escalade entre deux hommes facilite toutes formes de resistance ; c’est pourquoi le SM est plus frequent dans les cercles d’hommes gays que parmi les heterosexuels. A de tres rares exceptions pres, le SM n’a pas d’interet pour les lesbiennes.
R.D. Fenwick, The Advocate Guide to Gay Health
L’univers sexuel est plus vaste qu’on ne le pense. En principe, nous ne devrions pas etre la, mais nous le sommes. Il est evident que les forces conservatrices comme la religion organisee, la police et autres agents de la majorite tyrannique ne veulent pas que le sadomasochisme fleurisse partout. Les femmes sexuellement actives ont toujours ete une menace que le systeme n’accepte pas. Mais les conservateurs gays defenseurs des droits des minorites et les feministes orthodoxes sont eux aussi embarrasses par les sous-cultures aux pratiques sexuelles speciales (meme si cela fait partie de leur fond de commerce). Nous sommes comme les heterosexuels (ou les hommes) est leur argument d’integration, leur facon de pleurnicher pour avoir un morceau du gateau au monoxyde de carbone de l’Amerique. Drag Queens, hommes cuir, rubber freaks, boy-lovers, girl-lovers, gouines sadomasochistes, prostituees – nous faisons passer cet argument pour un pietre mensonge. Nous ne sommes pas comme tout le monde. Et notre difference n’est pas seulement due a l’oppression ou a la biologie. C’est une preference, et une preference sexuelle.
Le SM lesbien n’est pas encore tres bien organise. Mais, a San Francisco, les femmes peuvent trouver des partenaires et des amies qui les aideront et les encourageront a gouter aux plaisirs de la dominance et de la soumission. Nous n’avons pas de bars. Nous n’avons meme pas de journaux ou de magazines avec des petites annonces de rencontre. Parfois, je me dis que la sous-culture gay devait ressembler a cela lorsque la vie gay s’est urbanisee. Puisque notre communaute depend du bouche a oreille et des reseaux sociaux, nous devons donc travailler tres dur pour qu’elle continue a exister. C’est une question de survie. Si les hyper-conformistes avec leurs chattes en carton et leurs quequettes angora avaient obtenu ce qu’ils voulaient, nous n’existerions pas du tout. Comme nous devenons de plus en plus visibles, nous rencontrons donc plus d’hostilite, plus de violence. Cet article est ma facon de refuser la drogue de la haine de soi. Nous devons briser le silence que la persecution impose a ses victimes.
Je suis sadique. Le terme soft est top (dominant sexuel) mais je n’aime pas l’employer. Cela edulcorerait mon image et mon message. Si quelqu’un veut connaitre ma sexualite, je tiens a en parler avec mes propres termes. Faciliter les choses ne m’interesse pas particulierement. Le SM est effrayant. Cela represente au moins 50% de son sens. Nous selectionnons les activites les plus atroces, degoutantes ou inacceptables pour les transformer en plaisir. Nous utilisons tous les symboles interdits et toutes les emotions desavouees. Le SM est un blaspheme delibere, premedite et erotique. C’est une forme d’extremisme et de desaccord sexuel.
Je me reconnais davantage comme sadomasochiste que comme lesbienne. Je frequente la communaute gay parce que c’est la que la frange sexuelle commence a s’effilocher. La plupart de mes partenaires sont des femmes, mais le genre n’est pas pour moi une limite. Je suis limitee par ma propre imagination, cruaute et compassion ; ainsi que par la gourmandise et la resistance du corps de ma partenaire. Si je devais choisir entre etre naufragee sur une ile deserte avec une lesbienne-vanille ou avec un homme masochiste chaud, je prendrais le garcon. J’aime le sexe qui teste les limites physiques dans un contexte ou les roles sont polarises. C’est le seul style de sexe qui m’interesse vraiment.