Auteur : Maria Soudaieva
Traducteur : Antoine Volodine
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Poesie
Editeur : Ed. de l’Olivier, Paris, France
Prix : 15.00 / 98.39 F
ISBN : 978-2-87929-455-1
GENCOD : 9782879294551
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Maria Soudaieva decrit un monde soumis au chaos et a la plus extreme violence. D’ou viennent les voix barbares dont elle reproduit prieres, slogans, appels, exhortations ? Les enjeux et les objectifs indiques ont peu a voir avec la culture humaine ; les conflits evoques par les combattantes mettent en peril des civilisations inconnues ; les techniques de combat impliquent des adversaires a la morphologie monstrueuse… Une fois admise cette plongee dans l’indefinissable, on est saisi par le caractere familier des sentiments et des gestes que le livre met en scene. Soudain plus rien n’est ni etrange ni etranger. Car c’est bien a nous que s’adressent ces murmures et ces cris qui parlent de peur et de solitude, de guerres et de souffrances insupportables, de mort, mais aussi de beaute et d’espoir, allant avec constance vers l’ultime slogan : ” Les mauvais jours finiront ! “
- La revue de presse Jean-Pierre Thibaudat – Liberation
C’est, a tout le moins, un poeme en 343 X 3 cris ou autant de slogans, tous ponctues par un point d’exclamation. C’est aussi un ovni dans le ciel litteraire de la rentree. C’est surtout un livre inclassable, inqualifiable, radical en lettres capitales. Ouvrons-le au hasard par le milieu comme le ventre d’un (e) autopsie (e). Page 53 (le livre en compte 110). Sous le titre en gras : MESURES IMMEDIATES, une batterie, une rafale de slogans (il en est de plus longues, de plus courtes) : DESTRUCTION IMMEDIATE DES CHAMBRES GRISATRES !/ ABOLITION IMMEDIATE DES LOIS GRISES !/ AUCUNE PAUSE DANS LES COMBATS AU SOL !/ NETTOYAGE DES SITES GRANDIOSES !/ ABOLITION DES HERBES ARCHAIQUES !/ DESTRUCTION DES RUCHERS ETRANGES !/ EXTINCTION IMMEDIATE DES LAMPES BOSSUES !… Reprenons. Slogans est un livre qui se compose de trois parties : Programme minimum, Programme maximum, Instructions aux combattantes. Chaque partie est composee de 343 slogans. Chacune s’acheve par une salve de slogans titree LES MAUVAIS JOURS FINIRONT et ces mots constituent aussi le dernier slogan de chaque partie et donc du livre. Sa seule ligne d’espoir. Au fil des pages s’accumulent les noms d’ephemeres mais recurrentes heroines : Natacha Amayog, Lotte, Ingrid, Vassillissa, Sirena Malvachenko, Ida Jerricane, Suzy Vagabonde. Se succedent loutres gueuses, orphelins de l’amere etoile, mouettes opales, nymphes mafflues, tueuses, reines mordues. Pas de male heros. Un certain Abraham Voriaguine dont il faut se mefier, des hommes avaries… On songe a Artaud, Lautreamont, Sarah Kane, a ces ecritures extremes, a ces freres et soeurs en folles incantations. Jusqu’a l’abscons : SI TU PERDS L’USAGE DE LA PAROLE, RAMPE VERS LES REINES GUEUSES !/ RESTE MENUE DANS LA NUIT PALE !/ SI TU RESSEMBLES A UNE REINE GUEUSE, APPELLE LA MONIALE DOUZE !/ SI TU CROIS ETRE LA MONIALE DOUZE, REPANDS-TOI D’URGENCE DANS LA FLAMME ! Des ordres recurrents : rester groupee, se pendre, apprendre la langue etrange. En finir, toujours : SI AUTOUR DE TOI TOUT LE MONDE S’EST PENDU, ARRACHE-TOI LA TETE AVEC LES DENTS ! Reprenons. L’auteur s’appelle Maria Soudaieva. Son texte a ete traduit par l’ecrivain russisant Antoine Volodine. Ce dernier nous livre quelques elements biographiques : Maria Soudaieva, ecrit-il, est nee en 1954 a Vladivostok, ville de l’Extreme-Orient russe ou elle s’est donne la mort en fevrier 2003. Entre-temps, elle a souvent vecu en Asie du Sud-Est (son pere y etait geologue au temps de l’URSS) ou elle a appris plusieurs langues dont l’anglais et le francais. Apres la chute de l’URSS, elle a fonde un ephemere groupe anarchiste avec son frere Ivan. A Macau, debut des annees 90, elle s’occupait (avec son frere) de jeunes prostituees venues de l’Extreme-Orient russe qu’elle essayait de sortir des pattes de la mafia. Maria Soudaieva detestait la Russie postsovietique dont elle predisait un avenir sombre voue aux nationalismes, elle detestait tout autant le capitalisme. Elle avait aussi une sante mentale fragile, peuplee de visions d’ecroulement general de l’humanite, a Macau elle fut de nouveau internee pour troubles mentaux. C’est dans cette ville qu’Antoine Volodine l’a rencontree. Elle ecrivait des petites proses, des slogans. Volodine raconte que Soudaieva lui a propose de les utiliser dans l’un de ses livres et il dit avoir accepte cette proposition d’une soeur en ecriture… Et si Volodine etait le traducteur de Slogans jusqu’a en etre l’auteur ? A tout le moins le coauteur ? En Russie, les milieux de l’edition ignorent le nom de Maria Soudaieva. Volodine parle d’un texte publie dans une revue underground de Blagovechtchensk, ville de Siberie frontaliere avec la Chine. Y a-t-il jamais eu une revue underground dans cette ville perdue ? En Russie, tout est possible. Dans les livres de Volodine aussi. Qu’en pensent la Gloria de Vancouver et la Maria de Vladivostok ? Qu’importe. Slogans est un livre siderant.