Spinoza : la decision de soi

Cher(e) libraire,

Le courrier des libraires me demande de m’adresser a vous pour valoriser mon livre intitule Spinoza, la decision de soi. Je le fais d’autant plus volontiers que mon livre me semble adresse essentiellement au public qui frequente les librairies, c’est-a-dire, au moins tel que je l’imagine et l’apercois a chaque fois que je m’y rends, un public non-specialiste mais cultive et se souciant de trouver dans la lenteur de la lecture des armes pour vivre un peu plus sereinement et un peu plus joyeusement dans un monde de plus en plus rapide et de plus en plus eperdu de succes ephemeres. C’est en effet un livre qui porte sur la question de la decision de soi, c’est-a-dire sur la question de savoir comment orienter sa vie dans les periodes ou l’on ne sait plus tres bien ni que faire ni pourquoi le faire. En ce sens, ce n’est pas un livre savant qui vise une place dans les bibliotheques de philosophie, meme s’il s’appuie sur une connaissance serieuse de Spinoza. Mais ce n’est pas non plus un de ces traites du mieux-vivre qui foisonnent et visent essentiellement un public de supermarche. C’est plutot un livre humaniste, au sens ancien du terme, qui vise a parler d’homme a homme (ou a femme), en s’appuyant sur le savoir pour atteindre a l’au-dela de son sens : une vie plus haute ou en tout cas plus digne. Je reve de lecteurs inconnus prets a remettre en jeu les coordonnees de leur existence et qui trouveraient dans ce livre de quoi affirmer et soutenir avec plus de force ce qu’ils vivent deja sans philosophie et heureusement : leur interet pour la philosophie, leurs amours, leur travail, leur sensualite, leur engagement politique, en bref leur souci de soi ouvert vers les autres. Or, ces lecteurs, ce sont justement, me semble-t-il ceux qui aiment les librairies. C’est pourquoi vous etes absolument essentiels dans mon reve. Que celle ou celui qui un beau jour, n’etant ni trop heureux ni trop malheureux, se demande comment reaffirmer sa vie, puisse trouver ce livre chez vous !

Cordialement,

Pierre Zaoui

L’ideal serait que ce livre soit lu comme un roman. Le roman de la decision de soi. D’abord, comme beaucoup de romans, il est construit en deux parties. Premiere partie, Avec Spinoza, ca grimpe, on se sent mieux, ca avance : le titre n’a pas menti. Oui, on peut decider de soi, et notre heros y parvient et montre comment, meme si ce n’est pas sans efforts, tremblements et coups de theatre.
Deuxieme partie, Autour de Spinoza, et tout le spinozisme eclate en une myriade d’autres vies possibles, toutes a la fois plus differentes et plus semblables les unes que les autres. On croit rever. Psychanalystes, libertins, ouvriers, amoureux, artistes, militants semblent se donner la main pour s’engager dans une valse folle sous l’oeil bienveillant de notre heros. Spinoza, comme bonheur pluriel et un, le dimanche de la vie.

Pierre Zaoui est philosophe, directeur de programme au College international de philosophie, et membre de la revue Vacarme. Il est l’auteur de Le liberalisme est-il une sauvagerie ?(Bayard, Le temps d’une question).