Auteur : Adam Jacot de Boinod
Traducteur : Jean-Baptiste Dupin
Date de saisie : 10/10/2007
Genre : Langues
Editeur : 10-18, Paris, France
Collection : Les exceptionnels
Prix : 13.00 / 85.27 F
ISBN : 978-2-264-04507-2
GENCOD : 9782264045072
Sorti le : 18/10/2007
- La voix des editeurs : Emmanuelle Heurtebize – 05/10/2007
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Emmanuelle Heurtebize – 28/06/2007
- Les presentations des editeurs : 05/10/2007
Le Livre : Saviez-vous que les Boliviens ont un mot dans leur langue qui signifie : J’etais beaucoup trop saoul, hier, et tout ca c’est de leur faute ? Qu’il n’existe pas d’equivalent au mot bleu en italien ? Que le mot allemand pour ricochets est plimpplamppletteren ? Ce livre genial, qui puise dans la sagesse collective de plus de 154 langues, inclut non seulement les mots pour lesquels il n’y a pas de traduction directe en francais (pana po’o a Hawaii signifie se gratter la tete pour se souvenir de quelque chose d’important) mais aussi une discussion honnete sur le nombre de mots exprimant la neige qui existent en eskimo, et sur le plus long palindrome connu parmi toutes les langues (saippuakivikauppias – Finlande).
Extraits
Vous n’avez qu’un mot a dire :
Un seul mot peut parfois servir dans une multitude de situations. Au Sri Lanka, par exemple, le mot cingalais ayubowan signifie non seulement bonjour, mais aussi bon apres-midi, bonsoir, bonne nuit et au revoir.
L’attente :
L’irritation que l’on eprouve en attendant quelqu’un est joliment resumee par le mot inuit iktsuarpok, qui veut dire sortir regulierement pour voir si quelqu’un arrive. Quant a l’impatience de celui qui cherche a obtenir une reponse, on peut la decrire avec le russe doznovit’sya, qui ne signifie pas seulement sonner a la porte mais le faire jusqu’a ce que quelqu’un vienne ouvrir (on l’emploie egalement pour les communications telephoniques).
Bla bla bla :
Les raffinements de ce que nous appelons sobrement la conversation, sont parfois mieux saisis dans d’autres langues.
ho’oponopono (hawaien) : resoudre un probleme par la discussion
samir (persan) : une personne qui parle la nuit, au clair de lune
begadang (indonesien) : passer toute la nuit a discuter
glossalgos (grec ancien) : parler jusqu’a en avoir la langue douloureuse
Auteur(s) : Adam Jacot de Boinod a developpe sa passion pour les langues etrangeres alors qu’il faisait des recherches pour une emission de la BBC, Quite Interesting. Pour ecrire The Meaning of Tingo, il s’est aide de 220 dictionnaires, 150 sites internet et de nombreux livres sur les langues.
- Les courts extraits de livres : 10/10/2007
Extrait de l’avant-propos
Mon interet pour les mots etranges venus d’ailleurs date de ma rencontre, alors que j’effectuais des recherches pour un jeu televise, avec un lourd dictionnaire d’albanais. Je constatai qu’il y avait dans cette langue pas moins de vingt-sept mots pour designer les sourcils et autant pour les moustaches, depuis mustaqe madh (broussailleuse) jusqu’a mustaqe posht (une moustache qui pend a ses extremites).
Ma curiosite s’est rapidement transformee en une passion devorante. J’etais bientot incapable d’approcher d’une librairie ou d’un bouquiniste sans y chercher les etageres ou etaient ranges les dictionnaires de langue. Chez mes amis, je fouillais dans leurs livres, pousse par la meme fievre de l’or. Ma collection de mots merveilleux sans equivalent dans notre langue grandissait peu a peu, et j’etablis bientot une liste de mes favoris : nakhur, par exemple, est un mot persan (probablement inconnu meme de ceux pour qui il s’agit de la langue maternelle) designant une chamelle qui ne donnera pas de lait si on ne lui chatouille pas les narines, ou encore areodjarekput, le mot inuit pour echanger ses femmes pendant quelques jours. A quelle occasion et pourquoi disait-on d’un homme qu’il etait un marilopotes, un buveur de poussiere de charbon en grec ancien ? Et les samourais japonais avaient-ils vraiment l’usage du verbe tsugi-jiri, essayer une nouvelle epee sur un passant ?
D’autres langues exprimaient en revanche des concepts etrangement familiers. Nous avons ainsi tous deja croise un Zechpreller, le terme allemand designant une personne qui part sans payer ; passe trop de temps en compagnie d’un ataoso, quelqu’un qui, en espagnol d’Amerique centrale, voit des problemes partout ; ou travaille avec un neko-neko, une personne qui, en indonesien, a une idee originale qui ne fait qu’aggraver les choses.
Puis ma passion devint une obsession tranquille. Je passai au peigne fin plus de deux millions de mots dans des centaines de dictionnaires. J’arpentais Internet, je telephonais aux ambassades et je recherchais des locuteurs de langues etrangeres capables de confirmer mes trouvailles. Je m’apercus que dans le monde tout ne fait pas le meme bruit : en afrikaans, les grenouilles font kwaak-kwaak, au Mexique, les chats font tlatzomia, et en Hollande le celebre Cric ! Crac ! Croc ! des Rice Krispies devient Knisper ! Knasper ! Knusper !
Je decouvrais de jolis mots decrivant des choses que nous sommes incapables d’evoquer de facon concise, comme le persan wamadat, la chaleur intense d’une nuit etouffante sans un souffle d’air. Je rencontrais des mots associes a tous les ages de la vie, depuis paggiq, qui decrit en inuit les chairs distordues d’une femme en train de mettre son enfant au monde, jusqu’a Torschlusspanik, en allemand, la peur de voir se reduire les opportunites a mesure que passent les annees, et mingmu, qui signifie mourir sans regret en chinois. Je savourais la droite logique du danois, la concision du malais, la pure extravagance du japonais, et je me rendais compte que, parfois, un dictionnaire peut en dire beaucoup plus sur une culture qu’un guide touristique.
Je recherchais des langues aux quatre coins de la planete, depuis le fuegien a l’extreme sud du Chili, jusqu’a l’inuit a l’extreme nord de l’Alaska, depuis le maori des lointaines iles Cook jusqu’au yakoute du fin fond de la Siberie.