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Un amour de deraison

Auteur : Janine Boissard

Date de saisie : 06/03/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Rocher, Monaco, France

Collection : Grands romans

Prix : 18.00 / 118.07 F

ISBN : 978-2-268-06458-1

GENCOD : 9782268064581

Sorti le : 14/02/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Pour Anne-The, femme heureuse au sein de sa nombreuse famille, le temps d’aimer est passe; elle l’a accepte.
Au bord du desespoir apres une rupture, Florian s’est promis qu’on ne l’y reprendrait plus.
Ce soir de printemps, au Domaine d’Aiguillon, dans le Haut Medoc, c’est la fete de la Fleur.
Tout est en place pour qu’explose la passion.

A l’age de vingt ans, Janine Boissard est publiee par Rene Julliard, qui vient juste de decouvrir Francoise Sagan. Elle devient peu apres la premiere femme a etre editee dans la Serie Noire. Elle poursuit depuis une carriere reconnue d’ecrivain. La saga familiale L’Esprit de famille lui a assure un vrai succes populaire, ainsi que les adaptations de ses livres : Une femme en blanc avec Sandrine Bonnaire, ou Recherche grand-mere desesperement avec Guy Bedos et Line Renaud. Janine Boissard vit de sa plume depuis plus de trente ans et a publie a ce jour une quarantaine de romans.

  • La revue de presse Mohammed Aissaoui – Le Figaro du 6 mars 2008

La mise en place de la situation et des personnages est efficace : des les premieres pages, le decor est plante comme dans un film ou tout parait couler de source… jusqu’a l’element declencheur. Les descriptions detaillees aident les lecteurs a se depayser il est souvent question de nature et de parfums, les dialogues sont alertes. Cela semble simple, mais le recit est un art.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Tout d’abord, on a procede a la taille en eliminant les sarments les plus anciens pour permettre a ceux qui porteraient la future recolte d’exprimer toute leur vigueur. Un peu partout dans les vignobles, des feux ont ete allumes, des grillades jetees sur les braises parfumees des rameaux, qu’ont degustees des hommes et des femmes fiers et heureux.
Des que le temps s’est fait plus doux, la Gironde plus sage, on a dechausse la vigne en retirant autour de chaque pied la terre qui, durant l’hiver, l’avait comme protegee du froid. Le bois denude a pu ainsi jouir au maximum des premiers rayons du soleil et c’etait comme ouvrir la porte au plaisir.
La seve est montee; a l’abri de leur cocon, les bourgeons sont apparus, ils ont gonfle, ils se sont allonges, les levres des feuilles se sont ecartees de la pousse qui pointait, la grappe est devenue visible et, en ce beau jour de juin, au domaine d’Aiguillon, quarante-huit hectares de haut-medoc non loin de Saint-Estephe, selon la tradition, nous fetons la fleur.
– Viens voir, Anne-The.
Je rejoins Paul, mon mari, a la fenetre. Sous le bleu poudre du ciel, les puissantes vagues vertes piquetees de blanc se succedent, arretees dans leur elan par la haie de chataigniers, chenes et pins qui marque la fin de notre vignoble.
– Tu sens ?
De la vigne, monte une lourde odeur citron-violette ou Paul flaire les gros sous et moi de doux souvenirs d’enfance.
Mon regard descend dans la cour. Sous la direction d’Enguerrand, notre fils, une petite troupe s’affaire autour de la tente dressee pour recevoir nos invites de ce soir : une centaine. Un second buffet a ete prevu a l’interieur et, comme il n’est pas de fete sans musique, de jeunes artistes se produiront dans les anciennes ecuries, transformees pour l’occasion en salle de concert. Un feu d’artifice cloturera les rejouissances, auquel repondront ceux des chateaux voisins. La nuit aussi fleurira. Mon seul regret : notre fille, Alienor, ne sera pas presente. Depuis bientot trois ans, elle vit aux Etats-Unis.
Paul m’entraine a l’interieur de la chambre.
– La plus belle des fleurs voudrait-elle fermer les yeux ?
Je ferme et, autour de mon poignet, je sens s’enrouler le frais serpenteau d’un bracelet.
– Joyeux anniversaire, ma cherie.
Il se trouve que cette annee, les deux fetes tombent en meme temps, quelle faute de gout ! Si encore c’etait mes vingt ans que l’on celebrait. J’en ai eu soixante ce matin et je suis quatre fois grand-mere.
– Tu peux regarder.
C’est une montre or et diamants signee d’un grand couturier.
– Oh ! Paul, tu n’aurais pas du !
– Pour ma femme, rien ne sera jamais trop beau. Ouais… Et pour Carrie ? Parions que la derniere maitresse en date de mon epoux (elle a a peine trente ans, bottes, short et nombril a l’air, a ce que m’ont rapporte de charitables amies) a eu droit au meme present. Lorsque Paul offre un bijou a l’une ou l’autre de ses conquetes, je suis assuree d’avoir le meme : sa facon de soulager sa conscience en emplissant ma cassette. Ainsi y ai-je, sous forme de colliers, clips, bagues ou bracelets, Brigitte, Colette, Lucile. Et, plus recemment, les prenoms etant aujourd’hui davantage puises dans les series tele que dans le calendrier des saints : Jill, Judy, et ladite Carrie, heroine de Stephen King avant de devenir, ca tombe bien, celle de Sex and the City.
Il ne m’a pas echappe que, le temps exercant ses ravages, la valeur des presents augmentait, le barbon ayant de plus en plus a se faire pardonner rides, bourrelets, et sans doute une moindre ardeur.
– Montre-toi un peu ?
Au centre de la chambre que nous ne partageons plus, je virevolte docilement. D’un regard de proprietaire, Paul approuve la femme restee mince dans sa robe sagement decolletee, les cheveux auburn, coiffes mi-longs, encadrant un visage, ma foi, reste frais, et les yeux pairs qui n’ont jamais chavire qu’entre ses bras.
– J’en connais un qui va encore faire des envieux, ce soir ! soupire-t-il avec satisfaction.