Auteur : Olivier Rolin
Date de saisie : 31/10/2008
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Seuil, Paris, France
Collection : Fiction & Cie
Prix : 17.50 / 114.79 F
ISBN : 978-2-02-084649-3
GENCOD : 9782020846493
Sorti le : 21/08/2008
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- Le choix des libraires : Choix de Clo Brion de la librairie VANDROMME a LES VANS, France – 31/10/2008
De la rencontre improbable entre le peintre Manet, bourgeois raffine bien qu’artiste infrequentable en son temps et son ami Pertuiset, personnage grotesque, baroudeur si haut en couleurs et deboires en tout genre qu’il en devient presque attachant, le narrateur-auteur, troisieme personnage du roman, nous offre une belle invitation aux voyages. Voyage dans une epoque revolue, un 19eme siecle florissant, riche en evenements tant politiques qu’intellectuels, voyage d’aventure entre Paris, Patagonie, Afrique sur les traces du Chasseur de lions et voyage introspectif plus intime sur le temps qui passe. Un roman tourbillonnant qui nous conduit au travers de scenes epiques dans une langue coloree et soutenue, avec drolerie et une certaine touche de melancolie.
- Le choix des libraires : Choix de Jerome Peyrelevade de la librairie LA MUSE AGITEE a VALLAURIS, France (visiter son site) – 24/09/2008
Pertuiset est un drole de chasseur de lions, qui detient ce titre par legue, avant d’avoir jamais rien croise de plus sauvage que les chats de Montmartre. Decidant de meriter cette heredite hasardeuse, il s’envole pour l’Afrique a la rencontre du plus dangereux des animaux. Mais lorsque son heure de gloire arrive, il s’endort dans les arbres les soirs de chasse, se fait voler sa proie, ou se coince la tete dans un arrosoir en voulant imiter le lion noir.
De mensonges en delires, il finit par monter une expedition rocambolesque en terre de feu pour retrouver l’or des incas, a l’endroit que lui a indique sa fiancee, suite a une seance d’hypnose des plus douteuses.
Il est aventurier, c’est certain, on ne peut lui enlever cela : sa fougue, sa perseverance, sa soif de decouverte, malgre les echecs, malgre les rires et les moqueries.
Sa vantardise est a l’image de sa gigantesque carrure, trop grande, trop grosse, maladroite et, bien qu’amusante, foncierement inutile.
Pourtant, ce lourdaud Tartarin de Tarascon est ami du fin Manet. L’anticonformiste, l’intelligent, l’erudit et sensible Manet.
Les liens d’amitie recelent parfois des mysteres aux retombees improbables. Pertuiset passant a la posterite non par ses faits d’armes absurdes, mais par sa condition de sujet du maitre dans le tableau Un chasseur de lions.
A travers la figure de cet aventurier fantasque oublie, c’est tout le XIXeme siecle que l’auteur fait revivre, et surtout le Paris des artistes mi-bourgeois mi-revolutionnaires. La commune, le siege de Paris, la naissance de l’impressionnisme, le rejet et l’admiration de ces artistes d’un genre nouveau, leurs relations complices, effervescentes, autant qu’exigeantes et sans compromis.
Les faits sont precis, souvent amusants, toujours interessants, comme la langue. La presence du narrateur-ecrivain, sur les traces du heros, laisse comme une traine de melancolie, pas franchement utile au recit, mais tout a fait sensible et pregnante. Un roman tragico-comique agreable.
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Il y a vingt-cinq ans, dans un livre achete en Patagonie, je decouvrais l’existence d’un pittoresque aventurier francais de la fin du XIXe siecle. Trafiquant d’armes, magnetiseur, chercheur de tresors, explorateur, hableur, il avait mene en Terre de Feu une expedition qualifiee de funambulesque. Bien des annees plus tard, j’apprenais qu’il etait aussi un ami de Manet, et que le peintre dOlympia avait fait de lui un curieux portrait en chasseur de lions. Voici, romanesque et romancee, leur histoire croisee. On y passe des Grands Boulevards aux rives du detroit de Magellan, on y traverse des revolutions au Perou, la Commune de Paris et la Semaine sanglante, on y croise Mallarme, Berthe Morisot, une comtesse petroleuse, un mutin sanguinaire, une femme sauvage, de supposes cannibales… Au fond du paysage, il y a aussi l’auteur, a la recherche du temps qui a passe : seule chasse ou l’on est assure d’etre, au bout, tue par le fauve, seule exploration qui finit toujours sous la dent des anthropophages.
O. R.
- La revue de presse Aude Carasco – La Croix du 29 octobre 2008
Edouard Manet en fit un sujet, Olivier Rolin aussi, se mettant dans les pas du fascinant Eugene Pertuiset, chasseur de lions, baroudeur et bon vivant, a l’origine de la premiere exploration de la Terre de Feu…
Se croisent et se repondent les amours contrariees de Manet, de Pertuiset et du narrateur.Un chasseur de lion est aussi le portrait d’une epoque, dont le reflet interroge la notre. Olivier Rolin nous invite dans les bars enfumes et bruyants des Grands Boulevards a l’heure de absinthe, nous pousse derriere les barricades de la Commune de Paris, nous fait assister aux executions sommaires de revolutionnaires. Les sens vibrent dans ce bouillonnant Paris artistique, domine par les peintres Monet, Renoir, Degas et les ecrivains Zola, Mallarme et Huysmans. L’invitation au voyage depasse les frontieres. Le lecteur est transporte dans les corridas de la plaza de Acho de Lima, assiste a la traque du lion noir en Algerie coloniale ou a la fete nationale de Santiago du Chili.C’est toujours a Manet, dont il se sent proche, que revient l’auteur. Il voulait etre marin, il devint peintre. Il aimait Berthe, mais son ardeur s’exprima avant tout dans la defense de ses ideaux revolutionnaires et sur la toile.
- La revue de presse Alain Nicolas – L’Humanite du 28 aout 2008
Derriere le portrait par Manet d’un chasseur d’operette, celui d’une epoque. Une reflexion sur l’histoire et sur l’art, un roman tendu entre plaisir du recit et distance ironique…
Loin de s’absenter de son oeuvre, d’en faire un roman historique centre sur la figure d’un artiste – le genre, on le sait, est en vogue -, l’auteur s’y inscrit, en tierce partie entre l’artiste et son modele. Il y temoigne d’abord de son propre parcours, qui suit les traces de ses personnages, et les siennes propres…
Le roman se deploie ainsi dans toutes ses dimensions, celle du recit au premier degre, confiant en lui, emporte par son propre mouvement, celle d’une epoque ou, de Manet a Mallarme, on commence a douter des pouvoirs de la representation, et a lutter pour un art autre, et celle, contemporaine, ou s’inscrit le temps passe, celui de l’achevement de la modernite, qui n’est pas la fin de l’histoire. Tout cela sans appuyer, allegrement, drolement porte par une plume elegante sans desinvolture, par ou passe, a petites touches, l’emotion.
- La revue de presse Patrick Kechichian – Le Monde du 29 aout 2008
Olivier Rolin n’a aucun probleme avec la realite. Dans chacun de ses livres, elle est la, pleniere, dans toutes ses dimensions, deployee dans l’espace et le temps. Il l’observe, l’habite, la visite, s’en amuse, s’en alarme, ne la surplombe jamais, ne s’en veut pas le maitre. Plutot le spectateur impressionne et melancolique…
Dans Un chasseur de lions, Olivier Rolin s’empare d’une seule figure, qu’il met au centre de son tableau. Figure reelle, historique peut-on dire, mais tellement perdue et diluee dans l’histoire – celle du XIXe siecle – qu’elle resterait invisible si l’ecrivain n’avait choisi de se l’approprier, d’en faire son bien. Et quel bien !…
Un chasseur de lions est riche en scenes d’epoque admirablement restituees. Mallarme, Verlaine ou Berthe Morisot n’y jouent pas les roles de simples figurants. Ils sont l’epoque. Les pages qui decrivent les journees de la Commune sont parmi les plus belles du livre. Manet est la, “lieutenant dans l’artillerie de la Garde nationale”. “L’idee d’abandonner Paris, comme l’ont fait Pissarro ou Monet, ou Zola, ces “poltrons”, ne l’a pas traverse.”
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
Soixante-huit lions, plus un
Allonge sur la terre bleue, le lion barre toute la largeur du tableau, sa tete contre le bord gauche, gueule beant sur les crocs, un trou derriere l’oeil ouvert, brillant (un oeil de verre, se moqueront de mauvais esprits), noir d’ou goutte un peu de sang, l’extremite des pattes arriere debordant du cadre, a droite. Le tronc d’un arbre s’eleve au premier plan a gauche, vertical, gris de cendre ecaille de noir, touches eparses de jaune et de vert sombre, masquant une partie de la criniere, qui retombe noire sur le pelage fauve. Le peintre a signe sur l’ecorce : Manet, 1881 (un couple de jeunes metis, assez gros l’un et l’autre, perplexes, se demandent ce qui est ecrit la : Miguel ? Nao, nao e Miguel). En arriere-plan, des arbres greles dispensent une ombre legere, trouee de taches de soleil jaune-rose ; a gauche du tronc, le sol est bleu, a droite il tire sur le mauve lilas, en bas sur le vert mousse. Il etait, parait-il, carrement violet lorsque le tableau fut expose au Salon de 1881, ce que Huysmans jugea par trop facile. Le chasseur occupe la droite de la partie mediane du tableau. Il est sangle dans une veste d’un vert presque noir, a gros boutons dores, serree par une ceinture a large boucle. Dessous, on apercoit les manchettes d’une chemise blanche, le col ouvert sur un cou de catcheur. Genou droit en terre, carabine a deux canons pointee vers le sol, dont la crosse brille au creux de son coude droit, chausse de formidables bottes sur le cuir noir desquelles jouent des lueurs, il semble a l’affut, mais de quoi ? Le lion foudroye, derriere lui, ne l’a-t-il pas vu ? En attend-il un autre ? A-t-il peur qu’on lui vole sa descente de lit ? La pose de ce chasseur a favoris qui semble tuer du lapin dans les bois de Cucufa est enfantine, ecrit encore cette peau de vache de Huysmans. En fait, il a l’air d’avoir glisse sa tete dans le trou d’un decor representant naivement, dans une petite foire de province, une chasse au lion. Une tete de brute inexpressive, ou bien alors exprimant des sentiments assez frustes, surprise mecontente, vague defi, du genre le premier qui approche je le creve. Epais, enfle, sourcils tres fournis, arques, grosse moustache de morse masquant la bouche, larges favoris en cotelettes autour d’un double menton naissant. Il porte un chapeau a haute coiffe noire ceint d’un ruban bleu et orne d’une plume. Il a le teint d’un rose charcutier, une carnation couperosee (et encore, les couleurs ont tourne : selon Jacques-Emile Blanche, a l’origine les chairs etaient rouges comme la tomate).