
Auteur : Marie Billetdoux
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Albin Michel, Paris, France
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-226-17237-2
GENCOD : 9782226172372
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Un peu de desir sinon je meurs s’ouvre par une lettre de l’auteur a son editeur, dans toute la crudite de son desarroi d’ecrivain : impossibilite d’ecrire, indifference et oubli de tous, difficulte de vivre apres la mort de l’homme aime, Paul, journaliste politique reconnu. Nee a la litterature et a l’amour d’un meme souffle, Raphaele avait dix-neuf ans quand ils se rencontrerent… Chacun vivait separement, mais par l’autre.
Dans le silence de son editeur, en l’absence de tout signe et de toute vie, peu a peu, l’ecriture revient. A son insu, d’une langue lumineuse, musicale, puissante, elle tire le fil d’une liaison amoureuse hors du commun, qui connait la grace d’un enfant.
C’est un livre bouleversant, d’une folle poesie, envahi d’intime, jamais impudique. L’histoire de deux vies, faites d’ecriture et d’amour- presque livre a deux voix. Mais Raphaele est morte a elle-meme. Elle nous demande de-l’appeler de son premier prenom, Marie.
Raphaele Billetdoux (qui devient par ce livre Marie Billetdoux) a publie en 1971 son premier roman, Jeune fille en silence, elle avait 20 ans. Prix Interallie pour son 3e roman, Prends garde a la douceur des choses (1976) et Prix Renaudot pour Mes nuits sont plus belles que vos jours (1985), Chere Madame ma fille cadette est paru en 1997. Son dernier roman De l’air est paru chez Albin Michel en 2001.
- La revue de presse Michel Schneider – Le Point du 27 avril 2006
L’ecriture de Marie Billetdoux est trois fois originale. D’abord, elle ecrit non a l’arrache, mais en douce, a la derobee, comme elle dit,… Il y a diverses manieres de se denuder. Toutes ne sont pas impudiques. D’ou vient ici ce sentiment d’etre a mille lieues de l’autofiction complaisante, lorsque Marie Billetdoux vide son sac ? Ce qui en sort est un ensemble de documents puises dans sa vie meme et destines a rester secrets : mots d’amour retrouves entre les pages d’un livre, courriers a son editeur, messages d’hotel, articles du Figaro litteraire,… Une autobiographie, au sens des trois composantes de ce mot ? C’est sa propre vie que Marie met ici en mots, mais son livre echappe a ce genre. C’est un roman qu’on lit, parce que l’auteur se traite elle-meme, si exacts que soient les evenements, dates et faits, comme un personnage de roman.
Deuxieme originalite : la romanciere pratique sur ces textes defigures une sorte de chirurgie verbale reparatrice pour se donner un nouveau visage. Le livre est un montage de couper-coller et de fac-similes. En cela encore, elle fait exception : qui, aujourd’hui, comme Stendhal ou Laurence Sterne parsemaient leurs livres de graphiques et de dessins, ose inserer des choses faites a la main dans la copie qui sortira des presses ?
Troisieme originalite : si on ne compte pas les ecrivains qui ont change leur nom, ceux qui ont pris un autre prenom sont plus rares. Raphaele Billetdoux, apres dix romans sous ce nom, apres six ans de silence, pourquoi publier Un peu de desir sinon je meurs sous le prenom Marie ? Parce Raphaele etait morte a elle-meme cet automne, le 10 octobre 2003 tres precisement, sur la plage de l’ile d’Yeu…. Parce qu’il y a des choses que Raphaele ne peut dire que masquee. Des choses trop folles pour qu’elle les signe de son vrai nom. Ces choses folles sont si simples qu’on ne les entend pas souvent dites aussi haut dans les romans : la folie d’aimer, le scandale que tout doive finir, que chacun doive mourir… son beau roman desenchante ne nous laisse aucune illusion ; la litterature n’est pas une therapie et l’amour n’est pas une passion citoyenne
- La revue de presse Christian Authier – Le Figaro du 6 avril 2006
Certains etres meurent plusieurs fois. L’etat civil temoigne encore de leur existence sociale et terrestre, mais ils ne sont plus. Ainsi, Raphaele Billetdoux est morte le 10 octobre 2003, apprend-on dans son nouveau livre, c’est-a-dire un peu plus d’un an apres la disparition de l’amour de sa vie, Paul Guilbert, emporte par un mal ne laissant pas d’espoir.
Exit donc Raphaele, voici Marie. Dans Un peu de desir sinon je meurs, elle s’adresse a son editeur en ouvrant les tiroirs de sa memoire, entre passe et present. On trouve dans ces pages belles et tremblantes des extraits de correspondances, des reproductions de billets griffonnes sur des bouts de papier ou de lettres d’enfants qui annoncent l’ecrivain a venir : Le debut de ce que j’ai donne apres, et le secret du chemin perdu, la veine premiere, le precieux, la ferveur toute nue.
A travers ces souvenirs d’identite qui evitent l’impudeur comme le deballage de miserables petits secrets, on plonge surtout dans le recit d’une passion rare…
Aucun dolorisme ou quete de resilience dans cette stele de mots. Nous ne sommes pas avec Marie Billetdoux chez ceux qui confondent litterature et therapie, mais en compagnie d’un ecrivain, sachant la litterature inextricablement liee a la vie, qui ressuscite l’absent et lui offre un peu de vie supplementaire, de cette vie lumineuse incarnee dans les lignes d’un texte aussi tenu qu’emouvant. Un peu de desir sinon je meurs distille sans esbroufe des scenes dechirantes ecrites avec cette grace que possedent parfois ceux que plus personne n’attend.