Auteur : David Gilmour
Traducteur : Paul Gagne | Lori Saint-Martin
Date de saisie : 02/11/2007
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Prix : 17.00 €
ISBN : 978-2-7427-7125-7
GENCOD : 9782742771257
Sorti le : 02/11/2007
- Le choix des libraires : Choix de Isabelle Henry de la librairie LA PETITE FATIGUE – 06/06/2008
Roman a laisse seul a la maison son petit garcon Simon. Pas longtemps. Un quart d’heure peut-etre. A son retour, Simon n’est plus la. Commence alors pour Roman une vertigineuse errance intime, qui le fait rejoindre Simon dans ses reves, et prendre des distances definitives avec la societe. David Gilmour nous livre un livre superbe qui nous rappelle combien l’absence revele la force de l’amour.
- Les presentations des editeurs : 24/11/2007
LE POINT DE VUE DES EDITEURS
Au lendemain d’une nuit d’insomnie, Roman, seul a la maison avec son fils, se sent pris de vague a l’ame : il n’est pas d’humeur a s’occuper de Simon, pas d’humeur a lui lire une histoire. Apres avoir mis l’enfant au lit, il sort fumer une cigarette et se laisse attirer par la musique qui sort d’un bar, non loin. Quand, peu de temps apres, Roman revient chez lui, Simon a disparu.
La quete paternelle pour retrouver le jeune garcon prend bientot les allures d’une inquietante derive : qui pourrait concevoir que la vie de Roman se resume desormais a dormir et a revoir son fils en reve sur une ile des Caraibes ?
Dans la prose simple et retenue de Gilmour plane l’ivresse de la perte et le detachement irreversible du reste du monde : parents, amis, travail. Comme un bruit de fond leger mais obsedant, la culpabilite hante de sa presence diffuse chaque page de ce roman chavire.
Ne a London, Ontario, en 1949, David Gilmour vit a Toronto. Il s’est fait connaitre au Canada anglais comme critique de cinema et animateur d une emission culturelle a CBC. Une nuit revee pour aller en Chine, son sixieme roman, lui a valu le Prix du Gouverneur general du Canada.
- Les courts extraits de livres : 24/11/2007
Apres, je ne dormis plus vraiment. Quand le reveil sonna, quelques heures plus tard, j’etais deja assis au bord de mon lit, le menton dans les mains. A me dire : je ne serai pas du tout en forme aujourd’hui.
J’allai reveiller Simon, dont la chambre etait au bout du couloir. Il avait repousse ses couvertures et dormait les bras allonges au-dessus de la tete, comme pour plonger dans un etang profond.
Je lui touchai la joue. Simon, dis-je. Simon.
Je m’etendis pres de lui et je faillis m’endormir. Sa seule presence avait toujours pour effet de me calmer les nerfs. Je crois meme avoir reve, brievement, avant de me secouer.
Allez, viens, c’est l’heure de se lever. Il etait deja reveille. Les mains sur la poitrine, il fixait le plafond. Drole de position pour un enfant de six ans. On aurait dit un vieil homme ou un mort dans un cercueil.
Je le conduisis a la salle de bains. Le matin, il n’arrivait pas a viser juste et l’urine finissait par terre ou sur le siege. J’avais donc pris l’habitude de l’orienter en lui tenant les epaules pendant qu’il s’executait. Ensuite, il frissonnait et remontait son bas de pyjama. Comme il ne secouait pas son penis assez longtemps, il y avait toujours une petite tache foncee en haut de sa jambe.
– Tu devrais le secouer un peu plus longtemps, dis-je.
– D’accord, repondit-il.
Au rez-de-chaussee, j’allumai les lumieres de la cuisine. Dehors, l’obscurite de l’hiver persistait. Je remplis la bouilloire, m’affairai ca et la. Comme, au bout de quelques minutes, aucun bruit ne venait de la chambre de Simon, je montai jeter un coup d’ceil. Il etait assis sur le sol, son jean a moitie enfile, en train de regarder dans le vide.
Simon, dis-je. Il sursauta. C’etait comme si je l’avais tire d’un reve. A quoi tu penses ?
A rien, repondit-il avant de passer l’autre jambe dans son jean.
Je l’aidais a mettre son pantalon de neige dans le vestibule quand M. appela. Elle etait a La Havane, ou elle s’employait a mettre sur le marche un reseau telephonique d’occasion. Des milliers et des milliers d’appareils usages. Je voulais juste entendre sa voix. Il est encore la ? demanda-t-elle.