Auteur : Don McCullin
Traducteur : Daniel de Bruycker
Date de saisie : 19/04/2007
Genre : Biographies, memoires, correspondances…
Editeur : Delpire, Paris, France
Collection : Des images et des mots, n 5
Prix : 30.00 / 196.79 F
ISBN : 2-85107-231-5
GENCOD : 9782851072313
Sorti le : 09/03/2007
- Les courtes lectures : Lu par Helene Lausseur – 03/10/2007
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Helene Lausseur – 23/05/2007
- Les courtes lectures : Lu par Joachim Salinger – 03/10/2007
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Joachim Salinger – 26/04/2007
- Les courtes lectures : Lu par Alban Guyon – 03/10/2007
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Alban Guyon – 12/04/2007
- Les presentations des editeurs : 03/10/2007
Unreasonable Behaviour, Risques et Perils, Don McCullin
Texte et photographies en noir et blanc de Don McCullin Pour la premiere fois en francais, l’autobiographie du photographe de guerre.
Il aura fallu attendre plus de 20 ans pour que l’autobiographie de Don McCullin soit publiee en francais. Autodidacte en photographie comme dans sa lecture du monde, c’est un homme a l’oeil limpide et innocent, incredule devant la barbarie. A travers ses images publiees durant 20 ans dans le Sunday Times Magazine, il s’est voue a deranger le confort dominical de ses compatriotes en leur presentant ces injustices faites a l’homme par l’homme.
Entre l’erection du mur de Berlin au cours de l’ete 1961 et son travail sur les ravages du sida en Afrique australe en 2001, Don McCullin n’a cesse de regarder les souffrances des autres a travers les conflits majeurs de ces quatre decennies. Un regard charge de colere toujours, de tristesse aussi, de desesperance meme, sur les inqualifiables cruautes infligees par les hommes a leurs semblables. Un regard empli d’incomprehension et de compassion tout a la fois, regard de solidarite a l’egard des plus faibles, des demunis, des reprouves, des victimes de ces inacceptables situations.
Chypre divisee, le Congo meurtri, le Vietnam bombarde et torture, le Moyen-Orient dechire, le Biafra affame, le Bangladesh ravage, le Cambodge assassine, le Salvador revolte, l’Irlande tourmentee, l’Irak insurge.
Ni voyeur, ni chasseur, ni meme vraiment chroniqueur ou historien, Don McCullin, autodidacte en photographie comme dans sa lecture du monde, est un homme au visage marque mais a l’oeil limpide et innocent, incredule devant la barbarie. A travers ses puissantes images publiees regulierement durant vingt ans dans l’important Sunday Times Magazine, il se voue a deranger le confort dominical de ses compatriotes en leur presentant ces injustices faites a l’homme par l’homme a travers la planete. Dans sa photographie, il y a et Zola et Goya.
En meme temps, il proclame sa propre culpabilite avec ses images impuissantes a changer le cours des choses… comme il n’a pu empecher la mort de son pere lorsqu’il avait quatorze ans, ou plus tard celle de ses proches.
Son regard demeure l’emouvant miroir de celui des sujets qu’il photographie, auxquels il s’identifie. Il est profondement solidaire. Et puis il y a l’Angleterre qu’il photographiera souvent entre les reportages de guerre. Et cette fois il y a du Dickens chez McCullin.
Une Angleterre qu’il continue de photographier aujourd’hui.
Personnage hors du commun, difficile a cerner de facon definitive, ses interets sont divers : les bords du Gange ; les paysages du Somerset ; les tribus perdues du Sud ethiopien ; les traces de l’empire romain autour du bassin mediterraneen. Mais toujours avec ce meme regard profond et inquiet sur l’homme.
Il aura fallu attendre plus de vingt ans pour que cette autobiographie de Don McCullin, qui se termine en 1982, soit enfin publiee en francais.
Elle nous amene a nous demander qui nous racontera le quart de siecle ecoule depuis, celui durant lequel le grand photographe de guerre a choisi de devenir un homme en quete d’une paix impossible.
Robert Pledge
Directeur de l’agence Contact Press Images
- La revue de presse Brigitte Ollier – Liberation du 19 avril 2007
Meme s’il aborde les conflits mediatiques du XXe siecle, sans jamais en masquer l’absurdite, Don McCullin raconte aussi l’aventure d’un indomptable petit voyou, ne le 9 octobre 1935 a Londres ; puis s’immobilise au debut des annees 80, en compagnie de fantomes qui le hantent, toutes ces victimes de tant de guerres…
Le plus curieux pour le lecteur qui a deja vu ces photographies, c’est de lire ces mots qui viennent comme une voix off doubler la tragedie. Qu’est-ce qu’on apprend de plus ? La tristesse du photographe, sa douleur, son sentiment d’impuissance. Mais ce n’est pas rien, justement, de savoir que ce drame l’a touche, le laissant dans le doute et la confusion…
- La revue de presse Michel Guerrin – Le Monde du 6 avril 2007
McCullin est encore la parce que sa vie entiere pue la mort. Quand on fait partie des meubles de l’enfer, on finit par se faire oublier. Apres avoir lu son autobiographie, publiee en 1990, qui vient d’etre traduite en francais, on se dit que, vingt fois, il aurait du y passer. Et pas seulement en prenant ses photos de guerre dans les annees 1960 a 1980 – Chypre, Congo, Vietnam, Cambodge, Irlande du Nord, Biafra, Liban, Israel, Ouganda, Iran, Afghanistan, Salvador…
McCullin a l’art de raconter ses guerres. Il ecrit comme il parle, d’une voix saccadee et precise. Il ecrit aussi comme il photographie. Tout pres des corps disloques, mais avec une distance froide qui permet de donner chair aux sujets…
Bref, il est un des rares photographes de presse a avoir un style. Et ce livre, decoupe en quarante recits, a lui aussi du style dans sa facon de tisser avec brio la grande et la petite histoire, la planete martyrisee et le parcours personnel chaotique…
McCullin est ronge par une enorme culpabilite. Celle d’etre vivant, d’avoir bati sa reputation sur le dos des morts…
- Les courts extraits de livres : 03/10/2007
Des mes cinq ans, Marie et moi avons ete evacues. Je vois encore les autocars venus nous emmener de l’ecole primaire de Saint Paul’s Park a la gare de Paddington. Tout le monde etait en larmes, les mamans faisaient de grands adieux a leurs petits ou leur faisaient leurs dernieres recommandations. Chacun avait recu une etiquette et une petite boite de carton brun avec son masque a gaz ; on nous emmenait vivre en lieu sur, nous avait-on dit, loin des bombes, a la campagne.
A peine arrives a Norton-St-Philip, au fin fond du Somerset, loin dans l’ouest de l’Angleterre, on m’a separe de ma petite soeur, en depit de la promesse faite a ma mere de nous garder ensemble : Marie a ete confiee a la famille la plus riche du village, chez le patron d’une societe de mecanique pour qui la guerre etait plutot une bonne affaire, tandis que j’echouais au council house, le refuge pour necessiteux. Des ce moment, ma soeur et moi avons vecu, dans le meme village, des vies entierement distinctes. Pendant qu’une bonne en uniforme noir et blanc lui servait le the, j’en etais reduit a l’epier par la fenetre de sa chambre : frere ou pas, j’etais un de ces gamins teigneux du council house, pas question que j’entre. Avec le recul, je suis tente d’y voir l’origine d’un aspect de ma methode de travail : m’approcher le plus pres possible du sujet tout en restant hors de vue.
On voit vite ou on est place dans la societe, et on s’y resigne tout aussi vite. Pour moi, etre accueilli au council house voulait dire que les des, en quelque sorte, etaient jetes – alors que ma soeur, grace au traitement de faveur dont elle jouissait, echappait a notre monde. Apres la guerre, ma mere a choisi, ce qui n’est pas rien, de la laisser dans cette famille comme une enfant adoptee ; elle a ainsi frequente une public school, un internat pour jeunes filles a Weston-super-Mare. En un sens, “Hitler lui avait fait un beau cadeau”, comme on disait a Finsbury Park – alors que moi, je me sentais rejete, non choisi, comme un chien d’une race que personne ne veut. Je me souviens qu’apres une visite je me suis mis a poursuivre mon pere, le suppliant de me ramener a la maison.