Auteur : Yvan Mecif
Preface : Bernard Noel
Date de saisie : 07/04/2008
Genre : Litterature Etudes et theories
Editeur : C. Pirot, Saint-Cyr-sur-Loire, France
Collection : Maison d’ecrivain
Prix : 20.00 / 131.19 F
ISBN : 978-2-86808-260-2
GENCOD : 9782868082602
Sorti le : 20/03/2008
- Les presentations des editeurs : 08/04/2008
A l’oppose de la conception strictement lineaire d’un itineraire, l’essai d’Yvan Mecif fait surgir, de l’oeuvre du romancier Andre de Richaud, des themes insoupconnes comme le nocturne, la solitude, ou encore trace en negatif la geographie des paysages interieurs de l’auteur issus d’une creation et d’une vie singulieres. Mais il offre aussi une approche nouvelle de l’ecrivain, loin de l’image qui subsiste de lui : celle d’un clochard celeste finissant ses jours dans un hospice pour vieillards. D’aspect dramatique et laissant place a un climat de crime et de violence, comme chez Dostoievski ou Faulkner, l’oeuvre de Richaud s’attache a deceler la symbiose de forces contraires dans l’esprit des hommes, tout aureoles de soleil, mais sur lesquels plane toujours le doux parfum du meurtre. L’auteur nous livre des pages eblouissantes d’amour fraternel, qui replacent l’oeuvre de Richaud dans une dimension universelle qu’il donne a la Provence, l’inscrivant dans la lutte de forces ambivalentes et obscures – ainsi que le realisera son compatriote Rene Char en poesie. Elle servira de receptacle a son expression, constituee d’une parole toujours a meme d’etre proferee et dans l’impossibilite d’etre dite, comme le souligne Yvan Mecif dans cet essai biographique subjectif.
Ces Visions de Richaud montrent et recreent les diverses etapes d’un destin au cours duquel un verbe s’est fait chair avec ravissement et douleur, entre ombre et lumiere, et rendent ainsi un hommage confidentiel voire secret a un auteur injustement delaisse. Elles donnent a voir tout le genie et la profondeur du romancier et de l’homme.
- Les courts extraits de livres : 08/04/2008
LES DEUX IMAGES SONT PRECISES, et cependant elles apparaissent au milieu d’un flou, qui denature aussitot leur precision. La premiere a pour cadre un atelier d’artiste comme il en existait beaucoup au debut des annees cinquante, dans le quatorzieme arrondissement, a Paris. Un ancien hangar sans doute, devenu la vaste hutte relativement confortable, qui sert pour la vie quotidienne et pour le travail. Un tres haut poele ronfle et, pres de lui, je parle avec le peintre, un vieux Russe emigre depuis une trentaine d’annees. Il attend Andre de Richaud. La configuration du lieu fait que l’on se croirait a la campagne, en hiver. Le peintre – j’ai oublie son visage et son nom – evoque la neige sovietique et la guerre blanche et cruelle. Brusquement, Richaud entre, les mains tendues vers le poele. Un beau sourire adoucit l’ourlet de ses levres et fait ruisseler de la lumiere sur la bouffissure des yeux. Il me semble que Richaud s’empare tout de suite d’un verre de vin et de la conversation.
La seconde image est posterieure de quelques mois, ou davantage. J’apercois Richaud derriere un landau, qu’il pousse. A cote de lui, Michel Piccoli. Je suis decide a passer, mais Richaud mefait signe. Il est plein d’une attention qu’il affiche a l’egard de son compagnon. La meme lumiere repandue sur le visage fait oublier le nez d’ivrogne et les traits gonfles. Je suis surpris de voir que, dans le landau, il y a bien un enfant : j’aurais trouve plus naturel que Richaud promenat un homard…
Pas d’autre image. Juste le souvenir de l’emotion instantanee, bien des annees plus tard, en apercevant a la vitrine d’un libraire Je ne suis pas mort. Cette affirmation, pour moi, est devenue inseparable du nom, Andre de Richaud; elle est, si j’ose dire, son prelude ou meme son antichambre puisque, toujours, je passe par elle avant d’atteindre le nom, et tout ce qu’il s’en suit de presence.
Aussi ai-je ete tres sensible, dans l’essai d’Yvan Mecif, au souci de mettre en evidence une avant-langue et un sens d’avant le sens, qui sont les introducteurs naturels – mais generalement inapercus – a l’arriere-pays dont l’ecriture est le chemin alors meme qu’il fuit devant elle et lui demeure insaisissable. Le seul recours est de “faire sentir”, autrement dit de creer un espace d’appel afin que les choses et les figures absentes ne soient pas faussement representees par la narration, elles qu’il faut au contraire silhouetter en creux dans l’epaisseur du texte.
Yvan Mecif rapproche de nous Andre de Richaud en evitant de nous prendre au leurre de la biographie : il s’efforce de faire resonner ce qui hante son oeuvre plutot que d’en flatter le cadre et le miroir. Son essai est une lecture, bref, un engagement charnel et mental dans une rencontre sans cesse reprise, non pour suivre depuis son bord le fil de l’ecriture, mais pour se maintenir dans son courant. Cette position declenche un processus tout a fait remarquable pour la raison que, en ecrivant sa lecture, Yvan Mecif provoque de multiples mouvements de reciprocite entre son texte et ceux de Richaud. Il ne s’agit pas du tout d’une analyse mimetique, ni d’un eclairement que la reflexion generalise, ni meme d’une complicite active : l’echange est beaucoup plus complexe parce qu’il tresse les ombres du mort et du vivant dans une dualite si etrange qu’on ne sait jamais ce qu’il en est du dedoublement.
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