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Vivre avec la pensee de la mort et la memoire des guerres

Auteur : Marc Crepon

Date de saisie : 13/09/2008

Genre : Sciences humaines et sociales

Editeur : Hermann, Paris, France

Collection : Le Bel aujourd’hui

Prix : 23.00 / 150.87 F

ISBN : 978-2-7056-6722-1

GENCOD : 9782705667221

Sorti le : 13/09/2008

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  • Les presentations des editeurs : 20/09/2008

Marc Crepon

Vivre avec
La pensee de la mort et la memoire des guerres

Il n’y a pas de guerre, pas de genocide, pas d’abandon de populations entieres a leur errance entre des frontieres meurtrieres qui ne soient possibles sans une suspension de la relation a la mort d’autrui, un deni des gestes de secours, des paroles de reconfort, du partage qu’elle appelle.
Notre memoire du siecle dernier et notre apprehension du siecle a venir sont inseparables du souvenir de leur eclipse qui trace les limites de la fraternite. Elle fait du monde dans lequel nous vivons un monde divise, autant que l’est notre attitude devant la mort des autres, le deuil et la memoire qui en resultent. C’est cette eclipse que, a la lecture de textes de Freud, de Heidegger, de Sartre, de Levinas, de Patocka, Ricoeur et Derrida, cet essai entreprend de comprendre et d’interroger, alors meme qu’elle fait l’objet d’une double responsabilite, ethique et politique.

Marc Crepon est directeur de recherches au CNRS (Archives Husserl).

  • Les courts extraits de livres : 20/09/2008

Extrait de l’introduction :

Quel que soit le regard que nous portons sur le temps present et sur l’avenir, rien du passe ne l’oblitere ou ne le hante davantage que la memoire des guerres du XXe siecle. Qu’elle les rapproche ou les separe, elle est, en premier lieu, une part incontournable de la relation que les Etats entretiennent les uns avec les autres. Annees apres annees, elle se traduit aussi bien dans des demandes de pardon, des gestes symboliques de reconciliation, a des dates et en des lieux determines, qu’elle se rappelle, ici ou la, dans des restes de defiance, des malentendus, des dettes impayees, d’autres pardons suspendus a d’autres demandes qui ne viennent pas. Il arrive meme qu’elle se perpetue dans telle ou telle survivance des prejuges, des caracterisations et des caricatures que les peuples propageaient les uns a propos des autres quand ils etaient en guerre. Elle constitue ensuite la part la plus sacree du calendrier politique, rythme par leur commemoration (en France, le 11 novembre, les 6 et 18 juin, le 8 mai). Le souvenir des guerres, c’est alors essentiellement celui des morts, le rappel des vies sacrifiees, inscrit dans l’architecture des monuments aux morts et dans les plaques commemoratives, au coin des rues – un rappel dans lequel les gouvernements auront toujours cherche (au lendemain des conflits) un facteur et un instrument de cohesion, sinon d’union sacree et de rassemblement. Enfin, cette memoire s’impose, de facon recurrente, comme un element du discours et de l’action politique – et, de ce fait meme, elle a sa part dans le jugement que nous portons sur l’un et sur l’autre. Parce qu’il lui appartient de pouvoir etre heurtee, blessee et outragee, parce qu’elle se prete a des falsifications, des denis et des denegations, parce qu’elle est fragilisee aussi bien par la possibilite de son oubli que par celle de son instrumentalisation, elle fait l’objet d’une responsabilite qui est a la fois ethique et politique et que le travail de l’historien ne suffit pas a assumer. On ne peut pas tout faire ni rien faire de et avec cette memoire. Mais pourquoi se souvient-on des guerres ? Pourquoi leur memoire occupe-t-elle, dans l’imaginaire collectif, une telle place ? Pourquoi s’agit-il de toute autre chose que de la connaissance historique du passe, aussi necessaire soit-elle ? Parce que, avec cette memoire responsable, il y va de notre attitude passee, presente et a venir face a la mort.
Alors meme que la premiere guerre mondiale durait depuis un an et que, du siecle, (presque) tout encore etait a venir, pour le pire, c’est ce que Freud suggerait, des 1915, dans un texte que rien des decennies futures ne devait infirmer : Actuelles sur la guerre et sur la mort (Zeitgemasses uber Krieg und Tod). Tentant d’analyser les raisons pour lesquelles le mal y etait ressenti avec une force demesuree – et nous savons que, par la suite, il ne cesserait plus de l’etre -, il pointait, en effet, la conjonction de deux phenomenes : la desillusion que la guerre suscitait et la transformation de notre attitude face a la mort qui en resultait. L’un et l’autre serviront ici de point de depart.